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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 00:02

LES GENERIQUES EN 2012
Qu’est ce qu’un générique ?
 


Un médicament générique n’est pas la copie conforme du médicament de référence: 

Un générique est  un médicament qui a la même composition qualitative et quantitative en principes actifs, que le médicament qu’il copie, et dont la bioéquivalence est démontrée


En France, cette définition a été établie en 1998



Plusieurs éléments peuvent varier entre un médicament princeps et son générique :
- le principe actif : depuis 2004, les les différents sels, esthers, isomères, mélanges d’isomères, complexes ou dérivés d’un principe actif sont considérés comme un même principe actif.
- l’excipient: ceux à effet notoire qui sont présents dans les génériques doivent être mentionnés aux patients et aux prescripteurs.
- La galénique: un médicament sous forme comprimé peut avoir un générique sous forme gélule.


La substitution

Le droit de substitution  existe depuis un décret du 11 juin 1999
L’obligation de substitution concerne les médicaments prescrits sur ordonnance. Il est demandé :
-    Aux médecins de prescrire en DCI et non plus en nom de médicament. Dans ce cas, le pharmacien n’a pas le droit de donner le médicament princeps s’il est plus cher.
-    Aux pharmaciens : une obligation de substituer par le générique. Des quotas de substitution lui sont imposés, en pourcentage des médicaments qu’il délivre.

Depuis 2002, la prescription en DCI (dénomination commune internationale) devrait être faite par les médecins

Qui peut s’opposer à la substitution ?
-    Le médecin du patient : en mentionnant «  non substituable (NS) » sur son ordonnance.
o    Noter NS de manière systématique sur toutes les ordonnances est considéré comme anti-déontologique. La mention « non substituable » doit avoir une justification
-    Le patient lui-même peut refuser le générique. Dans ce cas, il ne peut alors (théoriquement) pas bénéficier de la prise en charge en 1/3 payant pour ses médicaments.


A quel moment un médicament peut il être génériqué ?
Les médicaments nouvellement commercialisés sont protégés par un brevet durant 20 ans. C’est la période légale de protection. Pendant ces 20 ans, le laboratoire a l’exclusivité de la vente. Ainsi il peut amortir les fonds investis dans les recherches.


Au bout des 20 années, la molécule tombe dans le domaine public, et peut être exploitée par d’autres laboratoires pour fabriquer des génériques.


Les laboratoires développent des stratégies de contournement élaborées afin de retarder le moment ou un médicament devient génériquable : dépôt de brevets secondaires pour prolonger artificiellement la durée de protection d’un produit, association de deux molécules déjà existantes afin de créer un nouveau médicament sous brevet...

Comment évalue t’on l’efficacité d’un générique par rapport au médicament princeps ?
Les études d’efficacité des génériques partent du postulat suivant :
« Pour avoir la même action théorique, et la même efficacité, 2 médicaments doivent être biologiquement équivalents, « bioéquivalents », c’est-à-dire avec la même concentration de molécule active dans le sang »


2 notions sont importantes à considérer : la bioéquivalence et la biodisponibilité. En effet, le seul paramètre biologique mesurable pour une molécule est sa biodisponibilité. Si la biodisponibilité est la même on en conclut à l’équivalence biologique.


Pour connaitre la biodisponibilité des molécules, on réalise des essais cliniques de biodisponibilité chez des volontaires sains. Une étude analyse toujours  24 ou 48 sujets pendant 24 heures


La biodiponibilité tient compte de
-    La fraction  de principe actif passant dans la circulation
-    Le temps de présence du principe actif dans le sang et la vitesse à laquelle il parvient dans le sang

Donc : si 2 molécules ont des biodisponibilité comparables, on conclut qu’elles sont bioéquivalentes.

La marge de variabilité du générique par rapport au médicament princeps : existe-t-elle vraiment ? 
Oui …


Ce qui est accepté dans la réalité est une marge de variabilité de produit actif dans un générique par rapport au princeps. La marge de variabilité de produit actif tolérée est  de – 20 à + 25% de produit actif.      Soit une variation de moins 1/5 à plus ¼ de produit actif par rapport au princeps.
 

 

Théoriquement malgré cette marge de produit actif, la biodisponibilité est considérée comme équivalente à celle du  médicament. En règle générale, c’est vrai, une différence minime ne change pas grand-chose. Pour la revue Prescrire (avril 2011) : Au cours d’un traitement médicamenteux de longue durée, la stricte bioéquivalence entre les différentes spécialités dispensées est rarement indispensable pour assurer sa bonne continuité … sauf dans le cas de substances à marge thérapeutique étroite, ou chez des patients en situation clinique particulière


Le problème particulier des médicaments à marge thérapeutique étroite


Il s’agit de molécules comme les antiépileptiques, certains médicaments à visée cardio-vasculaire et les traitements hormonaux notamment le lévothyrox ;


Exemple « le lévothyrox » : c’est une substance à marge thérapeutique étroite. L’ajustement de la posologie se fait sur des paliers de 12,5 μg. Une variabilité même minime de quelques microgrammes occasionne chez certains patients un déséquilibre.

Pour ces médicaments à marge thérapeutique étroite, la bioéquivalence du principe actif a été révisée, et elle est accordée pour une variabilité de -10 à +15% seulement.


Dans ces substitutions délicates, on demande un suivi plus rapproché, mais à condition que le suivi ne coute pas plus cher que la poursuite du médicament (nouvelles consultations, examens, adaptation des doses). Si le cout du suivi coute plus cher que les économies de la substitution, mieux vaut ne pas changer.


De vrais problèmes de génériques : les changements de marque


-    Les changements répétés de marque de génériques par les pharmaciens, selon les marchés et leurs médicaments disponibles en officine.
Lors d’une modification de marque de générique, une molécule de biodisponibilité différente peut être donnée. On peut passer de -25% à + 20%, ou l’inverse, soit une variation potentielle de + ou – 45 %
Plus le médicament a une marge thérapeutique étroite plus il est préférable de choisir une  marque et de s’y tenir.

-    Les changements de marque de génériques induisent aussi des problèmes de reconnaissance du médicament. Car en changeant de marque, la molécule peut changer de présentation galénique. Changement de taille, de forme, de goût sont mal gérés par les patients

-    Le générique de marque différente n’a pas le même nom. Ou bien il est en DCI, ou bien il a son nom propre. La compréhension du traitement est rendue plus difficile.

Les mythes à oublier : non, les génériques ne sont pas…
-    Moins bien fabriqués
-    Fabriqués avec moins de contrôle qualité
-    Fabriqués à l’étranger alors que les médicaments sont fabriqués en France
    50% des génériques sont fabriqués en France
-    Nuisibles aux recherches de molécules innovantes.

Le prix du générique : moins cher ?
Normalement le prix du générique est de 40 à 50% moins cher que le princeps, voire 55%


Cependant un certain nombre de laboratoires ont aligné le prix de leur médicament sur celui du générique. Il arrive souvent dans ce cas que  le pharmacien privilégie sa marge en donnant un générique


Remplacer le médicament par le générique n’est pas une garantie d’économie. Certains génériques reviennent plus chers que le médicament princeps. Notamment quand les laboratoires ont mis en place des conditionnements de 3 mois tandis que le générique reste sur des conditionnements à un mois.


Les génériques et les économies de santé
La question du prix des médicaments est une préoccupation économique et de santé publique.
Les économies vraiment réalisées par la prescription des génériques
•    1,4 milliards en 2009,
•    1,8 milliard d’euros.

Mais si si l’acceptation des génériques avait été totale, cette  économie aurait pu s’élever :  ("La mutualité Française.)
•    à 2 milliards d’euros en 2009
•    à 2,6 milliards d’euros en 2010

En valeur des médicaments vendus en pharmacie en France,  les génériques ne représentent
•    que 13,5%  en 2009
•    et 15% du total des médicaments vendus en pharmacie en 2010.

"La délivrance de génériques en France demeure l’une des plus basses du monde : 1 boîte de médicaments sur 5 est un générique, alors que l’on dépasse 1 boîte sur 2 en Allemagne, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis."

 

L'augmentation des génériques pour les 10 premiers médicaments en DCI remboursés par les mutuelles ferait faire un max d’économies de dépenses de médicament.
1.    Paracétamol (antalgique)
2.    Esomeprazole (anti-ulcéreux)
3.    Chondroitine sulfate (anti-arthrosique)
4.    Fluticasone/salmeterol (anti-asthmatique)
5.    Atorvastatine (hypolipémiant)
6.    Insaponifiabe d’avocat et de soja (anti-arthrosique)
7.    Oméprazole (anti-ulcéreux)
8.    Rosuvastatine (hypolipémiant)
9.    Desloratadine (anti-allergique)
10.    Budesonide/formoterol (anti-asthmatique)

 

Quel est le choix des patients (enquête Deloitte 2010)
•    67% déclarent qu’ils opteraient très probablement pour un générique par rapport à un
médicament de marque afin de réduire les coûts.
•    8% affirment qu’ils choisissent toujours un produit de marque.
•   40% estiment que les médicaments princeps sont plus efficaces que leurs équivalents génériques
•    7% considèrent que les médicaments princeps sont plus sûrs.
Il y a  du travail à faire sur la réputation.

Combien y a-t-il de génériques
Une liste des médicaments génériques a été publiée par l’AFFSAPS  en mai 2011


L’oméprazole - Mopral (7ème médicament remboursé par les mutuelles) dispose 29 génériques dans son dosage à 10 mg, et de plus de 40 dans son dosage à 20 mg. Dans la boite de 28 comprimés de médicament princeps, chaque comprimé (UCD) vaut 1,34 euros. Dans la même boite de médicament mais générique, un comprimé vaut 0,59 euro.


L’esoméprazole (Inexium) : a la même efficacité que l’oméprazole et un seul générique en mai 2011 juste après la fin de son brevet. A peine un an plus tard, 9 génériques disponibles dans son dosage à 20 mg et 9 dans son dosage à 40. A noter que le laboratoire du médicament diffuse son propre générique. Coût d’un comprimé de princeps d’une boite de 28 = 0,91 euros, contre 0,57 pour un comprimé de générique.


Pour le Spasfon : environ 20 génériques


Et le Paracétamol (premier médicament remboursé par les mutuelles en France)  : plus de 75 génériques différents, de dosages différents.



Conclusions personnelles : Les génériques : oui mais…
Oui :
-    Ne pas avoir peur des génériques : des différences d’action, certes, mais dans la majorité des cas elle a peu d’influence sur l’efficacité du médicament
-    Leur utilisation génère de véritables économies des dépenses de santé.

Mais :
-    Par contre : attention avec les médicaments à marge thérapeutique étroite : des changements infimes de dosage entrainent des conséquences sur l’équilibration du traitement.
-    Dans tous les cas, il faut insister auprès de son pharmacien pour avoir toujours le même médicament, qu’il soit princeps ou générique. Les changements de marque peuvent induire des modifications de bio-efficacité, allant jusqu’à + ou – 45%

Références utilisées pour la rédaction de l’article :

 http://www.fdn.fr/~amagnouat/metge/spip.php?article245
http://ammppu.org/wordpress/wp-content/uploads/2011/03/generiques_JB_110323.pdf
http://grangeblanche.com/2010/06/15/la-bioequivalence-en-pratique/
http://pharmacie.hug-ge.ch/ens/conferences/pb_generiques_pecub08.pdf
http://www.deloitte.com/assets/Dcom-France/Local%20Assets/Documents/Votre%20Secteur/Sant%C3%A9%20et%20sciences%20de%20la%20vie/Plaquette%20Sante%20France.pdf
http://www.afssaps.fr/var/afssaps_site/storage/original/application/567c33623e8d3c51993ad82ea4c6fa64.pdf



commentaires

E
J'apprécie votre blog, n'hésitez pas a visiter le mien.<br /> Cordialement
C
<br /> bonjour je suis actuellement en baccalauréat proffesionelle accompagne soins et service a la personne . et je suis entrain de faire une enquete sur l'utilisation des medicaments et je suis a la<br /> recherche de stastitique pour savoir combien de personne suivent ou non leur s traitement correctement ? pouriez vous m'aider si vous en avait ? merci d'avance<br />
Z
<br /> j'en suis conscient ... les labos c'est un peu comme les infos sur le net faut rester méfiant et vérifier nous n'avons pas de "prescrire" en oph (en dehors d'un article sur le latanoprost je<br /> crois) et les labos sont très présents dans notre formation<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
Z
<br /> certains VM nous expliquent la différence entre génériques et princeps.<br /> <br /> <br /> je ne m'oppose pas systématiquement aux génériques dans ma spécialité (antibiotiques, produits de "confort" style bains oculaires...) mais pour le glaucome je m'y oppose systématiquement je<br /> refuse de prendre le moindre risque d'une efficacité moindre avec mes patients glaucomateux.(l'exemple du levothyrox et du zovirax dermato même si "empirique" m'a suffi)<br /> <br /> <br />  <br />
M
<br /> <br /> les visiteurs médicaux sont payés pour nous parler de ce qui les arrange, ne les croyons surtout pas !<br /> <br /> <br /> <br />

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