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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 16:27

Hier soir, me voilà  partie  à la pêche aux blogs ! dans l’immensité de la blogosphère, je cherchais une alter-ego, le genre motivée à maigrir et incapable de faire la démarche.

J’ai trouvé ! ce blog là http://sansfaim.over-blog.com/

 

Sait on les raisons qui expliquent  cette impression assez instantanée, celle que l’on aurait pu écrire soi même les textes lus par le hasard du net.  Un effet de résonnance, et l’on s’arrête,  on lit, et on réalise  en un clin d’œil que l’on vient de croiser sur la toile un individu qui se pose les mêmes questions que soi.  On s’arrête alors… et si l’on trouvait là les réponses que l’on est incapable de trouver seul ?

 

Je cherchais la réponse à cette question : « Quel est mon vrai problème avec le poids ? »

Il n’y a pas une question, la dessous, mais plusieurs, qui se pressent soudain : pour maigrir, faut il avoir compris le problème  ? faut il avoir trouvé des réponses ?  mais des réponses à quoi, alors ? ou faut il seulement décider de se priver, et de subir des privations, sans avoir compris pourquoi on se les inflige et dans quel but ?

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En pratique, j’aimerais savoir quelle est l’unique, la seule, la bonne, la vraie question à me poser et à résoudre pour me décider à maigrir !

 

Décider seulement de manger 1000 calories par jour, ne me convient pas. D’abord parce que j’ai assez de connaissances médicales pour savoir le taux de reprise de poids après ce genre de régime.. et non seulement reprise de poids, mais de plus de poids qu’avant.

 

Décider de changer d’alimentation. Oui, mais comment changer ?. Je connais par cœur tous les conseils nutritionnels, et d’ailleurs j’en applique une large partie. Néanmoins, j’ai compris aussi depuis longtemps, qu’une espèce de vigie interne me conduit à ne jamais descendre suffisamment  le nombre de calories absorbées pour pouvoir maigrir. En moi est intégré une sorte de régulateur de non diminution calorique ! Quelle que soit l’attention que je porte à restreindre mon alimentation, se greffe systématiquement les calories de trop, les incontournables, celles qui font dans tous les cas  capoter la  tentative en cours de perdre du poids.

 

Il y a une peur, née de l’éducation (encore elle ! ), des ennuis de santé,  et de ma profession, qui progressivement m’a fait associer amaigrissement et maladie. Dès que je perds un kilo, je me sens rapidement aller vers l’agonie. De ce fait d’ailleurs, je réussis le prodige de ne pas faire de yoyo, le kilo perdu étant automatiquement réinséré dès son envol. Et même souvent compensé par un autre kilo en plus.

 

Je n’ai pas envie de me priver. Outre que je connais le taux d’échec des privations alimentaires, j’ai envie de manger, besoin de convivialité. Je réussis de moins en moins à résister à une proposition alimentaire. Je continue à penser pouvoir maigrir sans faire de régime, en tous cas, pouvoir y réussir  un jour. Ceci, tout en constatant que seules celles qui se privent, maigrissent. Ceci aussi, après avoir lu et absorbé avec intérêt les principes de Zermati et Apfeldorfer. Ils ont eu pour moi une grande vertu : je mange désormais de tout, ne me prive plus. Ils ont eu un effet secondaire assez consternant : cela m’a fait prendre 15 kilos en 4 ans.

 

Pour autant, je ne me décourage pas et commence tout le temps de nouvelles tentatives. Le découragement n’est pas dans la motivation à perdre du poids, car je n’ai pas encore renoncé. Par contre, le problème vient de l’absence de persévérance dans les tentatives de perte de poids selon les modalités escomptées, c'est-à-dire, sans avoir l’impression de faire un régime, mais en acceptant de se priver un peu tout de même.

 

La clé qui me manque se situerait donc non pas au niveau de la motivation (quoique…) mais plus encore au niveau de la persévérance de cette motivation. C’est la maintenance qui ne va pas, en fait ! L’option prise ne peut se faire sans un certain degré de restriction alimentaire, que je n’arrive pas à intégrer dans mon quotidien, en tous cas sur une durée supérieure à quelques jours.  Réussir de cette manière nécessite un challenge chaque jour renouvelé. J’ai beau me dire que je vais le faire, les tentations alimentaires me font céder bien trop facilement, toute la volonté que je sais mettre dans les autres activités de ma vie se voient bafouées en un chocolat, suivi d’un autre et d’encore d’autres.

 

Ne pas manger tant, être capable de ne pas prendre le plus qui empêche de maigrir, c’est une bataille de chaque instant contre soi-même,  qui impose d’aller de victoire en victoire. De petites victoires en petites victoires. Et c’est probablement le nœud du problème : les victoires sont petites, mais l’effort est grand, les victoires sont sur soi, personne ne les voit… j’y vais, j’y vais pas ?

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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 17:15

J’adore l’idée qu’un petit nuage de fumée paralyse une planète entière

C'est beau, n'est ce pas !

 

 cendre.jpg

Cela rejoint mon amusement de la semaine : un de nos chirurgiens n’est pas content car son bureau est au premier et la salle de pansement l’étage en dessous.

Je n’arrivais pas à lui faire admettre qu’en pratique, vu la petitesse de la planète, il pouvait quand même admettre que c’était juste à côté, un seul étage, avec un ascenseur refait à neuf entre les 2, en plus !


Par ailleurs,  je viens de m’apercevoir que je ne savais plus écrire ascenseur sans correcteur d’orthographe !

Et je n'aurais pas non plus écrit sans hésiter le nom du glacier dans lequel se déverse le volcan générateur de tout ce fumigène planétaire : Eyjafjallajöfkull !

7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 21:09

Objectif visé : refaire passeports et carte d’identité de la famille

 

Lieu de l’action : la mairie de ma ville de 30000 hbts

 

Demande du jour : seulement savoir quels sont les documents nécessaires pour déposer une demande des documents

 

Arrivée sur le lieu du tournage (en rond) : 15h45

 

Scène n° 1 : accueil de la mairie. Ne peut me donner que l’imprimé décrivant les documents nécessaires à l’établissement de la carte d’identité. Pour le passeport, prendre un ticket, et attendre

 

Scène n°2 : salle d’attente du bureau des passeports

Déjà 2 personnes.. et moi, ça fait 3. Une est déjà bien énervée. Il est 15h50 et on lui avait donné un rendez vous à 15h30, elle apporte le dossier complet. Quand elle est arrivée au rendez-vous, on lui a dit : prenez un ticket et attendez !

 

Scène 2, acte 2 : le bureau de l’état civil. Bien visible, les portes sont vitrées

4 fonctionnaires de mairie.

L’une reçoit quelqu’un

L’autre va passer au téléphone les ¾ d’heures que j’attendrai dans la salle d’attente. C’est celle là qui me recevra tout à l’heure

La troisième vaque avec des papiers dans les bras

La quatrième bosse (ou en tout cas se concentre) sur  un ordinateur

 

Scène 3 : 16 h 20 : les piétinements se font exaspération. Celle qui vaquait avec des papiers passe la tête par la porte, et nous demande ce qu’on attend. Explications reçues, elle retourne vaquer entre les bureaux, puis disparait définitivement. Pour quelle raison est elle venue poser la question ?

 

Scène 4 : 16h40 : déblocage… les 3 énervés de la salle d’attente sont appelés en même temps. Forcément, vu que la mairie ferme à 17 heures, elles accélèrent en prévision de l’évacuation

 

Scène 5 : rencontre avec la préposée en paperasserie administrative. Me remet l’imprimé à remplir pour le passeport (3 minutes). Me surligne les documents à préparer (3 minutes). Me fixe un rendez vous pour venir déposer les documents remplis. Rendez vous … fin mai pour moi, mi juin pour les papiers de ma fille.

 

Si j’ai bien compris,  au regard de la personne qui attendait avec moi : Avoir rendez vous signifie : tu arrives à l’heure du rendez- vous,  tu dois prendre un ticket, et attendre que l’on te reçoive, temps d’attente indéterminée

 

Fin du tournage : presque 17 heures. La grille de la mairie est fermée, on sort par la petite porte sur le côté

 

La vraie maltraitance dans ce drame en 5 actes, un comix du guichet administratif, se trouve dans l’impuissance… on est furieux, impatient, on piétine, mais si l’on gueule contre ce (dés)ordre établi, on se fait rembarrer, remettre à sa place. Une seule solution, attendre et ravaler ses sarcasmes, face à des gens qui vous diront que, de toutes façons, ils n’y sont pour rien…

 

Et si je tentais une ou 2 consultations organisées comme ça, juste pour comparer les réactions des patients ?

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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 19:44

Faisant suite au post précédent, viennent des réflexions sur les motivations des groupes à choisir les personnes qui les représentent

 

Les médecins étant très nombreux, il est nécessaire de désigner des représentants de chaque spécialité, chargés de faire le lien entre eux et la direction. Dans ma spécialité, comme nous sommes un bon nombre, nous procédons à une  élection.

boulet.gif


Et  le groupe de choisir à une large majorité celui qui occupait déjà cette fonction depuis quelques années…


Or il a une particularité : il a glandé à ce poste ! Il a assisté à des réunions sans jamais redescendre le moindre compte rendu vers ses collègues, il n’a pas une seule fois réfléchi sur l’avenir et le fonctionnement de la spécialité.  Ce garçon est un grand paresseux.


Son inaction n'a pas généré de polémique. Elle a donc satisfait la majorité qui le reconduit dans ses inactivités. Il a présenté cette fois un programme ou il dit qu'il s'engage à .. faire ce qu'il n'a pas fait jusqu'à présent. 


 Reflet de la crainte éprouvée par la majorité envers les gens plus brillants qu’eux. Face à la personnalité affirmée, éclatante, originale de l’autre collègue qui se présentait, ils se sentent confrontés de bien trop près à la profondeur de leur médiocrité.  Ce que souhaite la majorité ? ne rien changer, encore moins se prendre la tête.. alors autant se tourner vers celui dont l’inaction reflète le mieux leur propre inconsistance.

 

Les élus des autres groupes de spécialistes dont j’ai connaissance participent d’une autre motivation. La, le choix s’est porté sur des collègues qui sauront se faire les défenseurs ardents, bruyants, mais pas subtils, des intérêts du groupe.. je veux parler des intérêts financiers, bien sur !  La encore, des praticiens brillants, médicalement reconnus pour leur grande compétence,  ont été écartés ou s’écartent d’eux mêmes. Le groupe sélectionne prioritairement des grands égoïstes, mais qui vont défendre l’intérêt de tous en défendant leur propre intérêt.

 

On est loin, bien sur, de la médecine, et de son art. On se confronte ici à  des considérations dont certains imaginent les médecins dépourvus. Ils sont pourtant comme les autres humains, défenseurs avant tout de leurs intérêts personnels. Ce  ne sera pas au détriment des patients, mais au détriment surtout de l’homogénéité d’une communauté médicale , dont les intérêts divergents sont un frein aux innovations.

 

Dans les 2 cas , les médecins se sont révélés des humains comme les autres, faisant leurs choix sur de courtes vues, sans vision à long terme. Le choix du paresseux qui ne leur fera pas d’ombre ; ou le choix de l’égoïste excité qui défendra leurs intérêts en même temps que les siens.

28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 22:17

enfant2.gifOn ne peut pas plaire à tout le monde …

Hélas pour moi, une éducation très sérieusement centrée sur la réussite, sur la notion de conformité aux attentes que l’on avait de moi, m’ont conduite dans la jeunesse à être une première de classe, puis à l’âge adulte, à une dépendance quasi-totale de l’assentiment des autres, mais aussi à une incapacité d’accepter  que l’on ne m’apprécie pas.

 

Assez habituée à fonctionner en mode réussite, je n’ai pas changé. Cela m’a donc conduit haut, et  je suis « chef » maintenant

 

Occupée de cette réussite, dans laquelle s’investit mon énergie, je ne me retourne guère et surement pas assez souvent, sur le chemin que je trace.

 

A  l’école, on observe un groupe de premiers, des moyens , et quelques dernie s. Il est question à ce moment, d’une intelligence plus ou moins développée, peut être, mais aussi et surtout du travail personnel que l’élève est prêt à investir. Le dernier regrette probablement d’être dernier, mais il sait aussi qu’il n’est pas la par hasard.  Envers le premier de sa classe, il a peut-être une envie, mais pas vraiment de jalousie.

 

Maintenant, vous retrouvez les mêmes à l’âge mur. Pratiquement tous ont poursuivi leur chemin selon les mêmes modalités. Mais ils sont tous capables, ils exercent donc dans les  mêmes professions. Certains parmi eux continuent à aller de l’avant, et à avancer soit plus vite, soit plus haut que d’autres. Et la, bing, ceux qui restent sur le chemin, eh bien, ils n’ont pas d’envie de faire plus, non ! , mais par contre , maintenant , ils extériorisent leur jalousie.  Sans conscience du chemin parcouru par celui qui réussit mieux, ils se sentent aussi aptes que lui ou qu’elle. Ce qui plombe leur acceptation.

 

Etant allée plus haut que les autres en terme de reconnaissance dans les fonctions de chef, et totalement inconsciente des aléas de la fonction, toujours aussi pétrie de naïveté , je me dois de faire avec ces gens la. Ceux qui sont maintenant jaloux. Et qui sont prêts évidemment aux pires crocs en jambe, aux plus véreuses bassesses, pour ne pas m’aider, voire pour me faire sombrer. 

 

Impossible désormais de faire sans.  Il me faut pourtant apprendre à passer outre. Pour la sérénité de mon esprit, pour la liberté de mes actions, je dois de toute urgence comprendre que l’on ne peut pas composer avec ce genre de personnages. Quoi que je fasse pour me concilier leurs bonnes grâces, ils sont  bien plus nuisibles que je ne l’imagine, et pour certains de ma connaissance, totalement  décidés à me clouer  au mur.  . Accepter que certains ne m’apprécient pas, voire me détestent, cesser de penser que mes efforts finiront par les transformer en alliés. .. apprendre à les ignorer, eux et leurs mauvaises actions, voila le prochain  challenge !  

21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 23:02

Ce blog ronronne… voire s’endord ! a vrai dire, je le sens à bout de souffle, je voudrais lui donner une autre dimension.  

 

C’est un blog de médecin, mais il ne parle pas beaucoup de médecine, d’ailleurs les articles purement médicaux que j’y insère ne sont généralement pas commentés

Il est en fait bien plus personnel  que médical. . Néanmoins, une partie non négligeable des articles  rédigés  ont un rapport  avec mon métier et sa dimension humaine.  Se mélange une autre partie  de réflexion touchant ma vie personnelle, et les  difficultés qui sont les miennes notamment dans la vie avec un mari handicapé.

 

C’est un peu le  fatras ce blog est comme son auteur, il manque de repères.

 

De ce fait, voici un moment que je reste  silencieuse, en réflexion sur le tournant à donner. Il est proche, et l’écrire en toute lettre va me faire avancer, comme d’hab

 

Sur la manière d’évoluer, je n’ai pas de vraie idée.

Il y a en fait, plusieurs possibilités.  Dois je laisser de côté  tout ce que j’ai préalablement écrit, et donner à partir de ce jour un thème plus homogène  à mon blog ?  ou bien,

est ce que ce serait mieux de fermer cet espace, et d’un ouvrir un autre, orienté médical ? et/ ou un autre, orienté perso, ou je ne dirais pas mon métier ?

 

Sur le blog personnel anonyme ou je ne dirais pas mon métier, la réponse est non, bien sur. J’ai déjà tenté, en fait, en ouvrant ce blog, je ne comptais pas parler de mon métier.  Mais j’exerce une profession totalement inséparable de mon espace personnel,  voire envahissant l’espace personnel et il est donc totalement exclu que je parle seulement d’autre chose !

 

Un blog totalement médical , alors . Raconter des histoires de chasse, des histoires de patients, pleins de blogs médicaux font cela, de manière très sympathique, mais ce n’est pas tellement mon truc à moi.

 

Ce qui retient mon attention en fait, dans la médecine telle que je la pratique, à l’âge que j’ai, et après un parcours médical personnel chargé de maladies diverses, c’est  la sociologie  des médecins eux-mêmes ..  et de leurs dirigeants. Mon travail me fait poser un pied dans les 2 professions, celle de  médecin en exercice et de dirigeant. Les 2 sont particuliers, les 2 m’interpellent, m’interrogent, m’intéressent.

 

Il se pourrait donc que la majorité de mes écrits se tourne vers les analyses et observations ethnologiques et sociologiques du corps médical et de ce qui l’entoure. Des  sujets, générateurs à la fois d’étonnements et  parfois de rejet, voire de critiques.   En effet,  il est bien plus aisé de disserter sur ce qui cloche. Les choses positives attirent moins le regard, et peuvent sembler  ennuyeuses à raconter.  Toucher le côté négatif, ou les ratés, ceux des autres, bien sur, est valorisant, confirmant l’idée que bien des gens ont d’eux-mêmes, c’est que la raison est de leur côté. Je n’échappe pas à cette règle !.

 

Venir épancher mes moments de bonheurs, mais surtout ceux de détresse restera tout de même d'actualité, sous peine de grande frustration ;  j’ai trouvé un peu ici un espace d’exutoire , écrire m’apporte souvent une avancée dans la réflexion et facilite l’acceptation des moments difficiles. Les commentaires postés, sont un soutien qu’on a mal étudié, d’ailleurs !

 

Ce choix de partir sur une vague plus sociologique  est presque entériné.  Dans les modalités et pour ne pas être critique en permanence, je choisirai aussi de séparer mes écrits en 2 parties : points faibles, points fort.

 

Si vous avez des avis et des conseils , et même des critiques, n’hésitez pas à m'en faire part !IMGP8155

16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 22:38

L’article paru dans Ann Intern Med 2010;152:1-9., si jamais il a un retentissement dans la pratique médicale, risque d’être fatal au repos de mes nuits de garde de gastro

 

La question posée est la suivante : Peut-on poursuivre le traitement par aspirine en cas d´ulcère hémorragique?

 

L’ étude s’est intéressée aux patients ayant un traitement par de faibles doses d’aspirine en prévention secondaire cardiovasculaire, et ayant eu une hémorragie digestive par lésion gastrique liée à l’aspirine.

 

La question posée : peut on (ou doit on) arrêter l’aspirine au moment d’une complication hémorragique qui lui incombe

 

On le sait, s’il était inventé de nos jours, l’aspirine, malgré toutes ses qualités, n’aurait pas  d’autorisation de mise sur le marché.. notamment à cause de son effet sur la muqueuse gastrique. C’est dire, si cela semble  logique de cesser, au moins provisoirement pour quelques semaines ce médicament, quand une complication hémorragique se produit

 

C’est la pratique de la majorité du corps médical

Mais…

Le problème c’est que l’aspirine est donné au patient des raisons très valables, et que son arrêt , même temporaire, n’est pas sans conséquences

 

L’étude a séparé 2 groupes de patients : le premier groupe continuait une faible dose d’aspirine (80mg) , en dépit du saignement digestif

Le second groupe arrêtait l’aspirine

Bien sur, tous les de patients recevaient un traitement cicatrisant de l’ulcère

 

Le bilan a un mois

Significativement plus de récidives de saignements (10%)  dans le groupe qui continuait l’aspirine (contre 5% en cas d’arrêt)  : on s’en serait douté !

Significativement plus de décès dans le groupe qui arrêtait l’aspirine 12,9% (et seulement 1.3% chez ceux qui poursuivaient)

la moitié de ces décès était directement la conséquence de l´interruption du traitement antiagrégant

la plupart des décès étaient précoces, dans les 7 à 10 jours après l’arrêt de l’aspirine

 

L’étude a été difficile à réaliser, et la puissance des résultats peut être discutée, voire pondérée, mais la différence reste inéluctable en défaveur du groupe d’arrêt de l’aspirine

 

Elle incite à se reposer la question de la conduite à tenir en cas d’hémorragie sous traitement par aspirine

faut il stopper l’aspirine au risque de voir le patient mourir d’un accident cardio-vasculaire ?

faut il le poursuivre au risque de gâcher les nuits des gastro-entérologues. ?

 

La conclusion tirée par les auteurs de cet article est une élégante pirouette : ils conseillent la poursuite de l’aspirine au décours d’une hémorragie digestive chez les patients dont les risques cardio-vasculaires dépassent les risques gastro-intestinaux.

Et ne surtout pas se laisser tenter par un switch de l’aspirine au clopidogrel, d’autres articles ayant montré qu’il y a moins de récidive hémorragique à un an avec l’association aspirine-antiulcéreux.

 

Sung J, Lau J, Ching J, et al. Continuation of low-dose aspirin therapy in peptic ulcer bleeding. A randomised trial

 Ann Intern Med 2010;152:1-9

 

http://www.annals.org/content/152/1/52.full

28 février 2010 7 28 /02 /février /2010 00:38

Une vieille dame de 95 ans est morte le 18 février vers 14 heures.

C’est quand on perd quelqu’un que l’on aimait, que l’on réalise alors combien on l’aimait, et à quel point on voudrait pouvoir le lui dire encore

En perdant cette vieille dame, qui a partagé toute ma vie, de ma naissance ou elle était la, aux jours précédant sa disparition ou j’étais la, je réalise l’attachement qui était le notre

Je réalise avec douleur que je viens de perdre une des rares personnes à m’avoir aimée, toujours, sans chichis, sans détours. Non seulement à m’avoir porté son affection, mais à avoir su toujours me le dire, me le faire sentir dans la chaleur de sa voix.

C’est cette voix qui ne me quitte pas, lourde d’absence, lourde des mots si doux que je n’entendrai plus, des mots d’affection que personne ne savait dire comme elle. Tu sais bien combien on t’aime me disait elle, même si on te voit si peu, on pense à toi toujours, on t’aime… toujours, et pour toujours. Au dela de sa si rapide et inattendue disparition, ses mots volent et résonnent clairement dans ma tête. J’aurais tant envie de les entendre dire encore.

 

Elle venait d’avoir 95 ans, mais elle était pleine de vie. Toujours alerte, sans lunette, elle s’occupait de gérer toute la vie et la maison dans laquelle elle partageait la vie de sa sœur de 98 ans, un peu moins vive, elle, et beaucoup moins gentille. Elle était la vie, Denise, toujours gaie, toujours contente de tout. Elle habitait loin, c’était ça le problème. Mais toutes les fois ou j’ai pu venir la voir ces dernières année, jamais elle ne protestait comme le font les vieux au moment au moment des départs. Au contraire, elle manifestait la joie de m’avoir vue, avec ma famille. Seules quelques fois, au téléphone, qui nous reliait souvent, elle regrettait de ne pas nous voir plus. Mais ce n’était pas si simple, et elle le savait. Le regrettait, mais pas un zeste d’accusation dans ses regrets.

Depuis quelques années, elle avait maigri, la ronde Denise. Mais c’est tout, rien d’autre, pas de plainte. Son médecin avait fait sans succès quelques examens, tous normaux ; on la voyait donc maigrir, mais rester toujours aussi vive, et nul ne s’en inquiétait plus.

Et puis soudain, au moment de Noël, Denise a arrêté de manger. Elle se mettait à table, et.. impossible d’avaler quoi ce que soit. Elle a décollé, devenant en 15 jours, cachectique. Bilan et verdict : le foie plein de métastases, d’une tumeur endocrine du pancréas. La chimio a cet âge et surtout dans cet état général, on n’y songe même pas. Surtout que Denise n’avait aucune douleur, juste cette étrange et insurmontable anorexie. Elle gardait toute sa voix de stentor, sa joie, son rire clair, mais bien sur, quand je l’ai vue pour la dernière visite fin janvier, nous savions toutes les 2 que c’était pour un adieu. Après, elle n’a pas eu la force de me parler au téléphone, ou plutôt sa sœur avait tout pris en main, et en barrait l’accès, alors je ne l’ai plus entendue cette voix que je chérissais. Elle a été hospitalisée pour y finir ses jours en peu de jours, s’endormant comme une petite feuille.

 

Cette petite bonne femme était une bibliothèque, celle d’une vie de célibataire vivant avec ses sœurs, cachant une douleur incommensurable, la perte de la sœur ainée, avec son mari et ses enfants dans l’enfer des camps de concentration. Elle avait connu ma grand-mère dans les méandres de la guerre, et depuis, elle faisait partie de notre famille. Les 3 sœurs, qui n’étaient plus que 2 depuis 20 ans. Des 3, celle-ci était la force, la joie, la vivacité, … l’âme.

 

Une belle mort pour une femme de 95 ans en somme. Partir sans souffrir, en un mois s’endormir. On dit tous que l’on en rêve. Sauf que moi, cette petite bonne femme, elle me manque maintenant terriblement fort.

11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 23:58

Porter  une vision positive sur les personnes que l’on manage, est un apprentissage essentiel de la fonction de dirigeant..

 

Il s’agit à mes yeux d’une vraie dimension de qualité. Elle est loin d’être spontanée . En ce qui me concerne, c’est peu à peu, au contact de mon ancienne directrice, qui portait en toutes circonstances un regard bienveillant sur l’humain et sur ses compétences, que ce regard d’empathie, avant tout positif, m’est venu. Il  prend actuellement une dimension particulière, du fait du contact avec un dirigeant décidément trop critique à mes yeux

 

Les critiques qu’il porte sur le corps médical, et sur chacun de ses membres un par un, j’ai du mal à les entendre. Je n’apprécie guère cette façon de se concentrer sur des interlocuteurs choisis bien trop hâtivement comme représentatifs de leur spécialité...  hélas choisis non pour leur compétence, mais pour la manière dont ils ont su gagner les faveurs du maître. Ces interlocuteurs désignés par le chef et non par leurs collègues, n’obtiennent pas facilement l’enthousiasme de leur équipe. Ce qui vient justifier aux yeux dudit  chef la justesse de ses choix arbitraires, persuadé qu’il est alors, d’avoir choisi le seul capable et le meilleur.  

 

Je suis choquée de voir ce dirigeant faire des choix sans concertation avec les intéressés, aidé dec ce qu’il nomme sa garde rapprochée, à savoir seulement des administratifs, dont certains sans lien aucun avec le corps médical libéral, par exemple le DRH. . Ce qui génère une telle attitude, c’est aussi l’habitude de ces administratifs du brossage de dirigeant dans le sens du poil.  Ainsi le dirigeant se sent il soutenu, encadré et apprécié. Il n’y a qu’a observer le ballet qui se joue autour du bureau du chef actuellement !

 

J’aimerais mieux continuer à mettre en pratique cette considération par principe bienveillante des gens que l’on encadre. Bien  sur la fonction de dirigeant mène à connaitre de chacun un certain nombre de travers, voire de bassesses. Seulement, au contact de mes précédents directeurs, j’ai aussi appris que chez la plupart, les points positifs l’emportaient franchement sur les petites mesquineries. Ils m’ont bien enseigné aussi à quel point dans un système collectif, fut il libéral, le températement de chacun doit être intégré dans les capacités qu’il peut offrir pour aider le dirigeant à gérer l’ensemble du groupe. Celui qui aime communiquer sera ainsi ciblé et valorisé pour ces qualités là, tandis que celui qui aime organiser se verra offrir des orientations en ce sens. Ces petites adaptations permettaient ainsi d’une part d’assurer la cohésion des groupes, chacun trouvant dans sa parcelle de pouvoir un solde positif à son besoin de reconnaissance


Au contraire, nous nous trouvons basculés dans l’ère de l’attaque individuelle, de la prise en grippe de quelques uns, de la promotion d’autres. Ces attaques fragilisent la cohérence et le ciment de l’ensemble du groupe. Je ne dis pas qu’il ne faut jamais attaquer. Mais, point trop n’en faudrait.

 

10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 23:04

24 ans, vient consulter pour des gaz.

Des gaz qui font du bruit, des gaz qui pètent, mais parfois se bloquent dans les virages avant de sortir, et ça le gargouille, et ça le gêne, ce bruit de vie.

Pas une maladie, quoi, des inquiétudes de jeunesse (ou de vieillesse) inquiète, qu’il faut avant tout rassurer sur la normalité de cette manifestation. Pour gênante qu’elle soit, elle est tellement normale, qu’on écrit dessus depuis des siècles, même Voltaire s’y était mis, mais je ne trouve pas son texte sur le net. Par contre, l’art de péter, de Pierre Thomas Nicolas Hurtaut, vaut la peine d’être lu ! l-art-de-peter.jpg

 

La singularité du patient venu me voir hier pour cela, c’est qu’il avait déjà vu d’autres gastros. A commencer par un ultra cher dans le 8ème arrondissement, c'est-à-dire aux Champs Elysées, quartier le plus chic et le plus onéreux de Paris à tout points de vue. Dans ce quartier, on dirait bien qu’aux yeux de certains un jeune homme bien portant qui gaze, ça gaze… alors en premier on lui a fait des examens totalement inutiles, dont une coloscopie –  la vraie indication à cet âge en l’absence de trouble digestif et d’antécédent, c’est le bug du porte monnaie de l’opérateur …En plus, prise de sang, échographie, tout normal. Et devant la demande du jeune homme, traitement. Et Hop, un traitement de constipation , nullement nécessaire pour des gaz, et en l’absence de trouble réel. Résultat, selles molles, et irritation colique, d’où … glaires. Rehop, nouveau traitement de dé-constipation, le bon filon pour le fidéliser. Et de traitement en traitement, voila ce garçon avec des troubles, persuadé par le bon docteur Knock des quartiers chics d’être réellement malade. A défaut d’être malade, devenu au moins bien rentable.

 

Comment arrive t’il jusqu'à chez moi ? un sursaut de bon sens ? . Maintenant, je ne sais pas si ce que j’ai fait sera meilleur pour lui que les agissements de mon confrère. Pas facile de le convaincre, après tout ça, qu’il était parfaitement normal, qu’un banal dérèglement d’un jour était pérennisé par la science en un tracas de tous les jours. Je ne l’ai pas laissé totalement à l’abandon, donnant avec un air aussi  docte que possible un placebo qui devrait soutenir sa motivation à aller rapidement mieux. S’il va mieux, je n’en saurai rien , hélas, quelle frustration ! S’il m’a trouvée nulle de lui dire qu’il n’était pas malade, je n’en saurai rien non plus, et continuerai donc, en toute ignorance, à refuser de maladiser les bien-portants.

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