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6 février 2009 5 06 /02 /février /2009 20:58
On compte régulièrement à la clinique beaucoup (trop) de patients qui devraient être hospitalisés, et pour lesquels nous ne trouvons pas de lit pour le faire. le manque de lits pour hospitaliser les patients est souvent aigu.

A la trappe depuis longtemps, sont les anciennes pratiques comme hospitaliser quelques jours un malade, pour faire "un petit bilan". Comme d'attendre chaque fois 2 jours, voire plus pour obtenir un examen, et si celui ci ne permet pas le diagnostic, en demander un autre et attendre à nouveau. Puis de garder les patients jusqu'à ce qu'ils aient repris des forces, notamment en post opératoire. Puis au moment de la sortie, s'apercevoir qu'ils ne veulent pas rentrer à domicile et souhaitent une maison de convalescence. Dont il fallait faire la demande, puis attendre, le patient étant toujours hospitalisé, jusqu'à ce qu'une place soit disponible en maison de repos.

On fonctionne désormais en flux tendu

En hospitalisation programmée, cela implique une préparation d'amont. Les bilans à réaliser sont prévus avant l'hospit, les rendez vous pris et échelonnés sur très peu de jours. Dès que le bilan est terminé, on n'attend pas tous les résultats, le malade sort et il est revu quelques jours plus tard en consultation.

En chirurgie programmée, le parcours du patient est organisé avant son entrée. Bloc, 48 heures post opératoires en unité de soins continus si nécessaire, puis lit classique quelques jours et sortie. Bien sur, le mode de sortie est prévu dès la première consultation avec le chirurgien , qui doit donner la durée prévisible de l'hospit et prévoir en amont une sortie en centre de rééducation ou en maison de repos, afin que l'hospit ne se prolonge pas pour attendre cela.

Le plus dur à gérer, c'est l'urgence. Aux urgences, il y a en ce moment environ 2 fois plus de patients à hospitaliser, que de lits disponibles. Et donc, c'est de la voltige. Certains patients très limites sont obligés de retourner chez eux avec la consigne de revenir en cas de nouveau problème.

Dans ma spécialité, cela pose problème en cas d'hémorragie digestive. Par exemple, cet après midi, est venu pour une fibroscopie un patient que j'aurais souhaité garder en surveillance pour la nuit. Pas de place du tout, ni en médecine, ni en chirurgie, ni en oncologie, ni en surveillance intensif, ni aux lits porte des urgences.

Les technologies modernes nous permettent heureusement d'avoir un résultat bio en moins d'une heure. Du coup avant de décider que le patient pouvait repartir,  j'ai pu lui faire une prise de sang et vérifier qu'il n'avait pas d'anémie. Ensuite, il est rentré chez lui, je me suis assuré qu'il ne serait pas seul, et ai prévenu de la conduite à tenir si jamais...: revenir d'urgence aux urgences.

Evidemment, s'il y avait eu un risque vital, on aurait trouvé une solution. Le transfert ailleurs en est une, mais aussi, les lits d'ambulatoire transformés pour la nuit en lits d'hospitalisation, et pour plein de patients. Ou le déménagement de patients de soins intensifs vers ces mêmes lits qui permet de faire une place temporaire a un autre nécessitant une surveillance en réa

Ce manque chronique de lit est souvent un défi pour les médecins. Etre obligés de composer avec la situation, laisser repartir un patient qu'on penserait mieux en milieu hospitalier, c'est un stress aussi pour le soignant et cela implique pour de savoir
croiser les doigts, et dormir malgré tout sans stresser.
.
27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 22:26
Un cas de patient qui laisse songeur sur la place qu'occupe le généraliste comme pivot du système de santé en France

Il a 65 ans, vient de perdre 20 kilos en quelques mois, et sa plainte est "juste" une gene rétrosternale basse, derrière le sternum. Il n'a jamais eu de problème de santé, jamais, jamais , jamais... et n'a donc même pas de médecin référent.

S'il n'a jamais eu de problème de santé, on ne peut que se faire d'emblée par devers soi la remarque que c'est une chance. En effet, il accumule quelques facteurs dits " de risque", un important tabagisme et un non moins important alcoolisme, visible dès le premier coup d'oeil.

Il a donc été voir un médecin, auquel il a demandé de devenir son médecin référent.

Devant les troubles présentés par ce patient, le médecin généraliste référent a décidé, on ne sait pas trop pourquoi, de l'adresser à un ORL.

Cet ORL a été conduit, je ne sais pourquoi (mais je me doute... voyez plus loin) à lui faire réaliser un scanner abdominal. D'ou son arrivée finale chez le gastro. Malin l'ORL, malin, ou plus clinicien que le médecin généraliste ?

Ce scanner est, en effet,  très pathologique. Découvrant une grosse tumeur peut être oesophagienne basse, ou gastrique, avec de très nombreux ganglions régionaux.

Mais ce qui interpelle vraiment, c'est l'examen clinique.
En effet, l'examen clinique est d'une évidence plus qu'évidente. Une masse dure, énorme, occupe toute la partie haute de l'abdomen.

Pourquoi le généraliste l'a t'il orienté vers un ... ORL ???

Devenant d'une rare diplomatie, avec l'âge et l'expérience, j'ai donc posé la question au patient en ces termes modérés: votre médecin...  il vous a examiné ou bien il n'a pas eu le temps pendant la consultation ?

Tout le monde peut deviner la réponse... Ce patient n'a pas été examiné par son médecin généraliste. Comme énormément d'autres dans ce cas.

En conséquence, voici mon conseil, que je n'ai pas osé donner au patient: si vous perdez 20 kilos, que vous ne pouvez plus manger, ou que vous avez tout autre trouble inquiétant de cette sorte... et que votre médecin ne vous examine pas... changez de médecin d'urgence !


25 janvier 2009 7 25 /01 /janvier /2009 17:31
Le médecin met les mains sur le ventre

et après .......


Main sale            Main propre

A gauche: les bacteries qui étaient sur la main
ont poussé dans le milieu de culture


Article paru dans le New England of médecine
http://content.nejm.org/cgi/content/full/360/3/e3#F1


Le patient était porteur d'une bactérie résistante
La main était lavée avec une solution hydro-alcoolique spécifique, dont l'efficacité est identique à celle du lavage à l'eau et au savon désinfectant.
7 janvier 2009 3 07 /01 /janvier /2009 21:28
Un monsieur veut porter plainte, car sa mère âgée est décédée le lendemain de son passage aux urgences. Il estime qu'elle a été prise en charge trop tard et pas bien soignée.

Cela interpelle.... et pose plusieurs ordres de questions. D'autant plus que j'ai pu voir un interview du fils. Il indique que sa mère était très malade, et que probablement elle serait décédée sous peu. Par contre, il est choqué par l'attente aux urgences. Et cela, alors qu'il n'était pas sur place, mais a téléphoné régulièrement.

L'attente aux urgences est une réalité, mais l'attente aux urgences se partage en plusieurs temps additionnels.

- il y a d'abord  en arrivant, le délai du passage à travers la trappe des documents administratifs souvent incontournables, y compris quand on va mal.
- ensuite l'attente de prise en charge médicale. Elle est plus ou moins longue, selon les structures, mais peut durer plusieurs heures dans certains hôpitaux parisiens. Ce moment peut être vécu comme insupportable, car il conjuge attente et incertitude. Généralement on ne connait pas la durée de celle ci, et c'est cela qui est pénible.
Si quelqu'un a pris la peine d'indiquer un temps moyen d'attente, cela rend cette période bien plus supportable. Il est en effet plus facile d'attendre une heure quand on connait la durée à l'avance. Attendre une heure sans avoir d'information, rend chaque minute fébrile, et ne permet pas de penser à autre chose.
- la phase de "triage et d'orientation" est très rapide. Elle est réalisée généralement par l'infirmière et/ou le médecin. Ce peut être une source d'insatisfaction pour le patient. En effet, la selection se fait très brièvement. Un coup d'oeil et quelques bonnes questions sont suffisantes à un soignant expérimenté pour apprécier la gravité d'une situation. Et la, soit votre cas est jugé grave et alors vous êtes pris en charge aussitôt, soit il ne l'est pas et vous retombez dans l'oubliette de l'attente. En voyant passer devant vous d'autres patients, arrivés après. Cela peut en énerver plus d'un. Surtout si les explications à cet état de fait ne sont pas données par les soignants. J'ai pu voir aux urgences de pédiatrie de Necker des familles repartir calmement chez elles et sans protester, parce qu'ils avaient vu leur dossier posé dans la pile " attente = 4 heures". Information suffisante à leur faire prendre conscience que la pathologie qui les amenait aux urgences était somme toute peu inquiétante, et qu'ils pouvaient aller voir le médecin le lendemain matin pour la grippe de l'enfant, et l'arrêt de travail de la mère.

- une fois pris en charge médicalement , l'attente est loin d'être terminée. En effet, le médecin interroge, examine, cela prend assez peu de temps, et puis il demande des examens complémentaires. Alors voila le patient qui a l'impression de tomber dans l'oublI. Mais en fait ce n'est pas le cas. La radio, ou le scanner vont le rajouter à leur vacation, mais, forcément, même si c'est rapide, sauf urgence vitale, cela ne peut être immédiat. La prise de sang a été faite, mais le résultat ne peut pas non plus être instantané! et si un spécialiste doit passer pour un avis, il se libérera, c'est sur puisqu'il est de garde, mais cela ne peut pas être non plus à la minute.

Toutes ces attentes s'additionnent les unes aux autres, et  se conjuguent, pour finalement observer qu'un passage aux urgences ne signifie pas que tout sera fait en instantané, comme le souhaiteraient les patients, diagnostic, examens, traitement et retour chez soi guéri.

Un des facteurs d'améliioration de la tolérance à l'attente, outre l'efficacité logistique du service d'urgence, ce sont les explications données aux patients qui se présentent aux urgences. Par exemple, dès l'arrivée, s'entendre dire: il est 14 heures, ne comptez pas être rentré chez vous avant 19 heures, est une explication qui rassure, et permet  non seulement d'intéger cette probable durée (tant mieux si c'est plus court!), mais aussi d'organiser sa vie personnelle grâce à ces informations, comme prévenir quelqu'un d'aller récupérer les enfants à l'école, ou qu'on ne sera pas rentré pour diner...


Pour finir, parole de médecin, la majorité du temps, il n'y a pas d'urgence, il n'y a que des gens pressés....
6 janvier 2009 2 06 /01 /janvier /2009 22:40
Une consultation en gastro-entérologie d'une après midi voit se succéder une quinzaine de patients auxquels on consacre en moyenne 20 à 30 minutes.

Quand soudain dans cette consultation, survient une patiente avec un problème sévère, à prendre en compte aussitôt, cela change la dimension de la médecine pratiquée.

La consultation vire vers une pratique hospitalière.

Cet après midi, la patiente était jeune, la cinquantaine et ne pouvait plus avaler d'aliments solides depuis quelques semaines. Son médecin avait demandé un scanner du thorax, que je découvre devant elle. Celui ci met en évidence de volumineux ganglions dans le médiastin, c'est à dire le milieu du thorax, la zone qui renferme l'oesophage, la trachée, le coeur et les vaisseaux

Ne reste plus qu'à ... faire le diagnostic étiologique. Pafois la cause est évidente, mais pas dans ce cas. C'est cancéreux, à l'évidence, mais l'origine doit être trouvée. Cancer pulmonaire, lymphome , autre ?

Au plus vite, il faut prendre en charge cette patiente, gérer une hospitalisation pour réaliser le bilan, et donc.. stop la consultation. Appel du pneumologue, pour la fibroscopie des bronches, du bloc pour rajouter la fibroscopie de l'oesophage que je ferai. Appel d'un médecin interniste pour la faire hospitaliser, appel des anesthésistes pour la voir en consultation demain. Appel en radio pour un scanner abdominal qui va compléter le tout. Organisation du programme des examens. Monter le dossier dans le service d'hospitalisation. Pour tout cela, la secrétaire m'assiste, bien sur, mais il est mieux d'appeler moi-même les praticiens qui seront concernés.

Et puis, expliquer à la patiente et à sa fille. Expliquer que je ne peux pas donner la réponse de suite, encore moins le traitement salvateur espéré. Expliquer que c'est très certainement quelque chose de sérieux, qui va déboucher sur un traitement "fort". Attendre les questions de la patiente, et de sa fille. Viennent seulement les larmes, et la prise de conscience qu'il se passe vraiment quelque chose, contrairement à ce qu'elles avaient encore espéré jusqu'au dernier moment; le mot cancer ne sera pas prononcé. Je ne l'impose pas, n'ayant pas de demande de la malade, et pas de définition à mettre encore sur la maladie. Si elle m'avait demandé, docteur, est ce un cancer.. j'aurais répondu : oui, je le crois.

Pour finir, il faut maintenant prescrire un traitement antalgique suffisamment puissant pour calmer les douleurs thoraciques de la patiente, sur lesquelles le paracétamol à forte dose ne suffit plas.

Et puis  continuer la consultation, avec les autres patients; moins graves. Avec en tête cette connaissance d'une vie que l'on a fait basculer aujourd'hui. Car c'est bien cela, de se voir annoncer que c'est grave. C'est passer une porte derrière laquelle la vie bascule, derrière laquelle rien ne sera plus jamais comme avant.

5 janvier 2009 1 05 /01 /janvier /2009 23:06
Les accidents survenus dans les Hôpitaux d'enfants ces dernières semaines sont bien regrettables

Ils m'ont suscité ces quelques réflexions

1- les accidents ont concerné à chaque fois des produits apportés par perfusion. Or dans la pratique médicale, la perfusion est un peu l'enfant pauvre du médicament. On nous rabache avec les comprimés, mais j'ai pu constater que les logiciels de prescription médicale ne s'interessent pas assez, voire pas du tout aux produits perfusés

2- la prescription médicale doit être suvie par l'infirmière, sans que celle ci n'ait , à aucun moment, le droit de recopier celle ci. Certes, le recopiage est un facteur d'erreur... mais aussi peut être un facteur de sécurité . Dans les 2 cas d'accidents récents, les infirmières n'ont pas utilisé leur canal visuel. L'une n'a pas bien regardé le flacon choisi, l'autre n'a pas bien regardé les chiffres de l'appareil de perfusion.
Or je trouve que la précipitation est un facteur notoire de mal-lecture. Et si les infirmières avaient, à un moment donné, eu l'occasion d'assimiler la prescription par un autre sens que la lecture, elles auraient peut être ainsi pallié à leur inattention.

3- en ce qui concerne un des 2 incidents, il a été signalé que l'infirmière était grippée. Certes cela ne constitue pas une excuse. Mais on se doit de  remarquer que les professions médicales et para-médicales font partie des rares professionnels qui viennent travailler y compris quand ils sont malades, et parfois pas bien du tout. C'est la conscience sur-aigue des difficultés engendrées par une absence, surtout si elle est imprévue, qui conduit tous ces professionnels à cette surmotivation de boulot.  Les infirmières, comme les médecins. On ne voit jamais ou presque jamais des médecins annuler leur consultation pour raison de grippe.

4- Pour finir, et malheureusement, l'accident est imparable. L'organisation du système de soins, et sa complexification, ont mis sur la route de l'accident de multiples garde-fous. L'accident survient quand toutes les sécurisations ont failli . Généralement, il se trouve toujours quelqu'un pour interrompre le processus délétère, mais pas toujours.

5- pour terminer cette réflexion, quoi que l'on dise, quoi que l'on fasse, on ne pourra jamais éviter de tels accidents. Le facteur humain joue, le facteur enchainement des erreurs aussi.

1 janvier 2009 4 01 /01 /janvier /2009 18:37
Ayant récemment assisté a une conférence sur le sujet des vaccins protégeant contre le cancer du col de l'utérus,
( sur laquelle je suis censée rédiger un article élogieux ) , j'ai des doutes sur les vaccins censés protéger contre le cancer du col

Voila quelques raisons
- ces vaccins immunisant contre 2 ou 4 virus HPV (papillomavirus), censés favoriser le risque de cancer. Mais quelles sont les preuves que ces virus la sont les seuls impliqués, car il y a plus de 20 HPV différents
- le principe du vaccin est d'induire une très forte immunité sanguine avec des anticorps qui vont se concentrer dans la région du col de l'utérus. Déja la très forte réaction immunitaire est possiblement dangereuse, ensuite je ne vois pas très bien comment les anticorps iraient se fixer seulement la ou on le souhaite
- dernier point, on prévoit ainsi d'éviter un risque potentiel dans ... 20 ans. Puisque les cancers du col des jeunes femmes vaccinées commenceront, comme cela est classique, après la quarantaine . Donc en pratique, l'efficacité du vaccin ne sera confirmée que dans 20 ans.
C'est donc une affaire en or pour les labo, 20 ans de vente assurée, avant de connaitre la réalité de la baisse de risque... qui est scientifiquement impossible a affirmer avant.
Dans tous les cas, ce sera une excellente affaire pour les labos. . 20 ans de vente de produits, avant de dire si ça marche ou pas. Peut-être moins si des effets secondaires apparaissent, mais ils auront déja gagné suffisamment d'argent pour faire face aux éventuels procès. Et puis, prévoyant les critiques, ils ont déja devancé, dès le départ , une partie de l'inefficacité, en affirmant dans les pub que cela protège contre seulement 70% des cancers du col. Ce qui veut dire qu'il faudra  démontrer seulement une baisse de l'incidence du cancer
dans 20 ans
.

Tous ces arguments , ceux des labo et ceux qu'on peut opposer, rendent sceptiques sur ces produits soit disant miracle
Maintenant je me mets a la place de celles qui ont des filles concernées, et je crois que c'est TRES difficile. Quelque soit le choix fait par la maman, vacciner ou non la fille, elle pourra se le voir reprocher....

Si le vaccin démontre son efficacité et que la mère a refusé le vaccin..
si le vaccin a des effets indésirables et que la mère l'a accepté...


Ce n'est pas une décision facile.

Méditez mes arguments.
Mais je veux être honnête et assumer courageusement de vous dire ce que je ferais, si ma fille avait encore 13 ans, ce qui n'est plus le cas.
Malgré tous les arguments négatifs que je viens d'énoncer, je ne voudrais surement pas perdre une chance de protéger l'avenir de ma fille, et donc je la ferais vacciner.


9 décembre 2008 2 09 /12 /décembre /2008 22:22
Il est très difficile pour un médecin d'expliquer de quelle manière il se fait une idée sur un nouveau patient après seulement quelques minutes de consultation

La consultation commence par l'interrogatoire du patient. Ses symptômes sont essentiels.

De très intéressantes études ont démontré que les médecins ne laissent pas parler les patients. Une étude chez des patients reçus par des médecins internistes indiquait que le médecin coupait la parole au patient après un délai moyen de ... 18 secondes.

La même observation, refaite après avoir demandé aux praticiens de laisser s'exprimer librement les malades sans les interrompre montrait que la majorité des patients que l'on laissait parler, se taisait en moyenne après ... 2 minutes de parole.

Mon cher patron, avait ce génie de laisser la parole au patient et il me l'a enseigné en m'autorisant à assister à ses consultations.

En quelques minutes de consultation, sur la foi de ce que raconte le patient, de la manière dont il le raconte, on se fait une opinion: pathologie grave ou pas grave, trouble organique ou trouble fonctionnel

A la fin de l'interrogatoire, le médecin a déja émis dans sa tête, une ou 2 hypothèses, rarement plus. Notamment, il se doute déja, dans ma spécialité, la gastro, quand il s'agit d'un trouble de nature fonctionnelle. Bien sur l'examen clinique est essentiel pour confirmer l'impression clinique. Quand un médecin n'examine pas tous ses patients, je conseille de  fuir, je ne crois pas qu'il soit recommandable.

Quand la consultation est bien faite, le médecin a pu établir ou évoquer  un diagnostic. Il faut savoir que faire un diagnostic en 2008, c'est aussi bien évoquer une maladie qu'une "non-maladie". C'est parfois difficile à admettre par le patient auquel on dit, a la fin d'une première consultation, "vous n'avez pas besoin de faire des examens complémentaires, ou supplémentaires", "votre douleur n'est pas grave, même si elle vous dérange, douleur n'est pas synonyme de gravité". C'est difficile pour les patients de s'entendre dire que leur plainte n'est pas une maladie. Tant de gens sont malades de cette maladie du siècle: la "non-maladie"


16 novembre 2008 7 16 /11 /novembre /2008 17:16
La médecine est basée sur les preuves  ....

Résumé d'un article publié dans le BMJ, 1999; 319: 1618-1618

Les décisions cliniques devraient être prises aussi souvent que possible au vu de preuves cliniques...Comment faire face à un problème clinique lorsqu'il n'y a  ni étude clinique randomisée, ni évidence., se sont demandés 2 humbles praticiens qui ont aussi posé la question à leurs collègues

Voici quelques propositions décisionnelles pour pratiquer la  médecine hors preuves cliniques

- La médecine basée sur l'éminence
:
Les cheveux blancs et la calvitie font un effet de halo..
Mais l''expérience clinique consiste à 'faire les mêmes erreurs avec de plus en plus de confiance durant un nombre imressionnant d'années"...  plus le collègue est senior, plus les choses banales lui paraissent importantes; L'expérience, semble t'il est pire que toutes les évidences accumulées.
La confiance de certains collègues dans l'expérience clinique est touchante

- La médecine basée sur la véhémence:

Substituer l'évidence par le volume du son de l'intervenant este une habile technique pour faire reculer les collègues plus timorés, et convaincre les autres de vos capacités

- La médecine basée sur l'éloquence:
L'élégance vestimentaire, le bronzage, l'éloquence verbale sont de puissants substituts à l'évidence clinique

- La médecine basée sur la providence:
Quand le praticien n'a aucune idée de ce qu'il pourrait faire ensuite...
Certains (trop !) de cliniciens sont incapables de résister et se laissent tenter par la remise au tout-puissant et à sa  Providence de la décision.

- La médecine basée sur la timidité:

Certains médecins voient un problème et cherchent une solution. D'autres voient seulement  le problème...
Certains médecins ne font rien car ils sont désespérés d'avance
Ce qui est probablement mieux que de faire quelque chose seulement parce que cela heurte la fierté du docteur de ne rien faire

- La médecine basée sur la nervosité:
La peur du litige est un puissant stimulus pour les sur-investigations et les sur-traitements.
Dans cette athmosphère de phobie du litige, il faut se souvenir que le seul test qui manque est celui que vous n'avez pas pensé à prescrire.

-  La médecine basée sur la confiance:

Ne concerne que les chirurgiens (voir le tableau)


Il y a donc plusieurs alternatives pour les praticiens en l'absence d'évidence clinique. C'est ce qui fait de la médecine un art aussi bien qu'une science !



Bases de la pratique clinique

Bases des décisions cliniques

Marqueur

Mode de mesure

Unité de mesure

Evidence

Essais cliniques randomisés

Méta-analyse

Odds ratios

Eminence

Eclat des cheveux blancs

Luminomètre

Densité optique

Véhémence

Niveau sonore

Audiomètre

Decibels

Eloquence (ou élégance)

Qualité du langage, du bronzage, du costume, de la cravate

Qualité du tissu

Pourcentage de soie

Providence

Niveau de ferveur religieuse

Sextant pour mesurer l'angle des génuflexions

Unités internationales de piété

Timidité

Niveau de morosité

Nihilimètre

Soupirs

Nervosité

Niveau de phobie des litiges

Tout test concevable

Balance bancaire

Confiance*

Bravoure

Test de la sueur

Pas de sueur

 



 

* s'applique uniquement aux chirurgiens



5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 23:02
L'anneau gastrique et autres interventions de chirurgie gastrique de l'obésite, je ne suis pas pour... Tellement pas pour que je considère pratiquement cela comme de la chirurgie "esthétique". Comment dire autrement ? Ce n'est pas de la chirurgie curatrice, ni réparatrice. Il ne reste que l'esthétique.

Il faut savoir le paradoxe de cette chirurgie, consistant à créer des lésions là ou il n'y en avait pas. En gros, à rendre gravement impotant, ou totalement malade, un tube digestif normal qui fonctionnait jusque la parfaitement.

Je connais la souffrance des obèses, je connais la vertu de ces techniques quand elles apportent un soulagement d'une part à cette souffrance, d'autre part aux problèmes de santé qui vont avec

Mais comme gastro, en plus, ces opérations, je n'en vois que les complications.

Le bypass, c'est ce que l'on cherche à éviter quand on soigne des gens atteints de maladie inflammatoire digestive du grêle; Il s'agit d'un court circuit total de l'absorption digestive de tout. D'un côté l'on s'évertue à éviter cela à des malades, d'un autre des bien portants vont volontairement subir une intervention qui consiste a jeter directement la bouffe de l'estomac à la cuvette des toilettes, en faisant un bref passage par le colon. Avec toutes les carences qui vont avec cette malabsorption totale.

L'anneau gastrique est réversible. Il parait, c'est ce qu'on dit. Mais ce n'est pas si simple
Ces derniers mois j'ai vu
- plein d'obèses qui n'avaient pas maigri autant qu'elles l'espéraient. On aurait du les prévenir avant, car c'est connu. L'anneau gastrique fait perdre du poids, certes, mais jusqu'à un certain palier. La vraie minceur rêvée n'est généralement pas au rendez vous de ce traitement . Souvent on reste en zone de surpoids, et il faudrait en avertir les patientes avant.
- un certain nombre maigrit dans un premier temps puis reprend du poids malgré l'anneau. Reprend une partie ou tout le poids perdu
- les anneaux hauts situés et serrés entrainent parfois de sevères reflux oesophagiens. J'ai eu en garde une jeune femme dont l'oesophage était presque perforé tellement il était malade. anneau gastrique
- les anneaux migrent. Vers l'oesophage, vers le bas de l'estomac
- les anneaux sont perçus comme trop serrés alors que le chir assure qu'il l'a desseré au maximum

Alors tout cela s'aditionne pour me faire rejeter ce genre d'intervention, peut être parce que je suis celle qui n'en voit que des mauvais cotés.

Même si cela réussit à un certain nombre de personnes, je ne le conteste pas et ne le rejette pas. Mais accepter toutes ces complications d'un traitement à visée amaigrissante, cela me parait excessif;
Si elles survenaient après de la chirurgie pour une pathologie organique, tous ces incidents et toutes ces complications seraient vécues comme inadmissible, non ?


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