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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 21:36

Sondage


Sur l’ensemble des actes techniques que j’ai réalisé ces 3 derniers mois

 

Quel est, selon vous,  le pourcentage de mes patients dont le dépassement d’honoraire a été pris en charge intégralement par leur mutuelle ?

 

 

2 précisions

- exercice dans une grande ville de banlieue parisienne pas défavorisée, mais pas de la petite couronne riche non plus.

- montant des dépassements pratiqués inférieur à une fois le tarif de l’acte 

 

Votez !

 

 

Réponse d'ici quelques jours....

La réponse  ici http://www.cris-et-chuchotements.net/article-prise-en-charge-mutuelle-combien-de-patients-111876896.html

 


20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 22:47

L’installation en secteur 1 était pour moi une évidence.   Déjà 25 ans !

 

A cette époque, année 1987, le secteur II ne se présentait pas avec des avantages patentés. L’intérêt des honoraires un peu supérieurs avait pour réputation de se dissoudre dans les charges sociales plus lourdes.  L’installation en secteur II dans une banlieue parisienne ni vraiment riche ni vraiment pauvre ne m’avait pas été recommandée. L’on m’assurait que cela rendrait plus difficile la constitution d’une clientèle de novo.

 

Cela convenait bien à ma fibre de gauche. Le métier de médecin était celui qui me plaisait. Je ne pensais pas y devenir vraiment fortunée par mon travail. A l’aise, oui, mais pas riche. Par ailleurs, comme les praticiens de ma génération,  j’avais été  conditionnée  par des études sans aucune rémunération, un internat à l’époque mal payé, dont les gardes de porte hospitalière n’étaient réglées qu’à partir de la cinquième (sans repos compensateur, bien sur). Idem avec le clinicat, et ses astreintes non rémunérées dans un grand hôpital parisien, le plus grand hôpital d’Europe.  J’ai eu bien du mal à demander aux patients de me régler en fin de consultation au début de mon installation. 

 

Il y a 25 ans, en m’installant je pensais gagner assez confortablement ma vie à l'avenir.  On m’avait expliqué à de maintes reprises que la maigre rentabilité financière des 15 ans que je venais de passer à l’hôpital serait compensée par les gains de l’exercice libéral. Enfin, mes amis cadres allaient cesser de se moquer du ridicule de mes salaires !

 

Les années ont défilé, et le tarif des consultations n’a pas été vraiment réévalué. Sans parler des endoscopies digestives, augmentées une fois en 25 ans. Si maintenant ce sont les établissements qui investissent dans le matériel, à l’époque c’était le gastro qui les achetait lui-même. 250 000 francs à d’investissement à l’installation, soit environ 38 000 euros, pour lesquels il m’a été imposé par la banque une caution de mes parents.. à plus de 30 ans, et avec un métier si prometteur, c’est dire la confiance du banquier en mes succès professionnels libéraux !

 

Dans les 10-12 ans qui suivirent, les portes d’entrée en secteur II se sont rétrécies petit à petit. Ainsi que les passerelles des passages du secteur I en secteur II. Finalement,  seuls les anciens chefs de clinique installés avant 1989 eurent le droit au passage en secteur II. Je répondais à ce profil, mais résistais plusieurs fois et même, je ne me posais pas vraiment la question.

 

Pourtant, en secteur à honoraires conventionné, une fois le matériel acheté, et régulièrement renouvelé, le loyer et les charges réglés, je n’avais pas vraiment les moyens d’une secrétaire. Pourtant ma spécialité comporte beaucoup d’échanges par courrier  et de compte-rendus opératoires. J’appris à taper, pour les rédiger plus vite le soir et le week-end à la maison. J’achetais ensuite un portable, qui pesait quand même ses 5-6 kilos au début. Qu’il fallait déplacer du cabinet à la clinique, en sus des endoscopes.

 

Je résistais, fière d’offrir ce service sans dépassement d’honoraires, mais en gagnant finalement ma vie beaucoup moins bien qu’espéré, et toujours significativement moins que mes amis cadres dans les entreprises, ayant pourtant fait bien moins d’années d’étude que moi.

 

Ce sont les attitudes et les réflexions des patients qui petit à petit firent naître les doutes. Quand une consultation a été longue, complexe, et que le tarif est de 19 euros , plusieurs réactions interpellent:  la première est une remarquable réflexion revenant à intervalles de plus en plus courts : « mais… prenez le tarif normal, docteur ! ». En réalité, certains pensaient que je leur faisais un cadeau en sous estimant le prix de ma consultation.

 

La seconde réaction n’est pas une remarque orale, mais un comportement. Après une consultation durant laquelle un patient a apprécié votre qualité et votre professionnalisme, au moment ou vous lui annoncez le prix d’icelle, l’estime du patient pour votre qualité décroit d’un seul coup. Je voyais la déception passer dans sa prunelle, je comprenais la dévalorisation qui allait de pair avec ces tarifs si bas. A  ce prix, comment pouvez-vous avoir de la qualité ? C’est un peu la boite de conserve qui se trouve tout en bas du rayon. Elle est nettement moins chère,  et bien qu’elle ressemble aux autres, elle vous parait automatiquement moins bonne. A un prix si faible, comment peut-elle être bonne ?

 

Les rumeurs enflaient sur le blocage définitif du passage secteur I vers secteur II. La dernière fenêtre conventionnelle eut lieu en 1999. Et la, je me suis décidée.  J’ai  fait le grand saut, et changé de secteur, pour passer en exercice à honoraires libres.

 

A ce stade, c’est donc la moitié de ma vie libérale passée en secteur conventionné et l’autre moitié en honoraires libres.  Et ma conclusion est sans appel : le secteur à honoraires libres porte parfaitement bien son nom. Avoir le droit légal de pratiquer des honoraires à sa convenance est une liberté inégalable, que j’apprécie chaque jour.

 

Je tiens à préciser qu’il s’agit d’honoraires libres, pas d’envol des honoraires… Non, je ne détrousse personne. Le tarif de ma consultation oscille entre le tarif conventionné et moins de 2 fois le tarif de base. Les dépassements sur les actes sont largement inférieurs à une fois le tarif de base de l’acte, et d’autre part, je demande un dépassement d’honoraires seulement aux patients pris en charge par leur mutuelle. Je ne vois pas que des pauvres dans ma banlieue. Plus du tiers de mes malades  bénéficient d’une prise en charge des dépassements par leur mutuelle. A commencer par tous ceux qui ont des mutuelles de groupe dans leurs entreprises, souvent de bonnes couvertures. Pour autant, je ne leur prends pas des tarifs supérieurs aux autres.

 

Car je ne dépasse pas les honoraires pour gagner plus, mais surtout pour gagner plus de qualité de vie professionnelle. J’ai une secrétaire, qui me décharge d’une immensité de tâches pratiques mais aussi relationnelles avec les patients. Rendez vous, reconvocations, résultats d’examens, elle répond, elle explique, elle rassure, et pendant ce temps je vois tranquillement les patients, et réponds aux appels triés.  Mes courriers sont rédigés pratiquement en temps réel. Grâce aux honoraires plus élevés du secteur II, j’ai pu passer du stade de l’artisanat médical à celui d’entreprise médicale. C’est confortable, pour moi, autant que pour la clientèle, de plus en plus exigeante d’ailleurs. Et oui, je gagne plus. Mais la vraie raison pour laquelle je gagne plus de cette manière n’est pas liée a l’ampleur de mes dépassements. Je gagne plus, parce qu’ainsi, ayant plus de temps et de disponibilité à consacrer à mes patients, je travaille plus. Et que le service offert lors de ma consultation, certes à un tarif un peu supérieur au tarif de base,  n’apporte pas de récriminations de leur part, mais plutôt de la satisfaction.

 

J’ai pourtant un rêve. J’aimerais que le secteur II n’existe plus. J’aimerais que le secteur I conventionné apporte des honoraires suffisants aux médecins, et leur permette de construire et de gérer leur cabinet, non plus seuls, comme des artisans dans leur échoppe, mais accompagnés de personnel compétent, qu’ils auraient les moyens de rémunérer.  Je constate avec tristesse que l’on s’achemine vers des aménagements du secteur II, pour en ramener les rémunérations vers celles du secteur conventionné, mais qu’on ne semble pas prendre le problème dans l’autre sens. Ce sont les praticiens actuellement en secteur I qui mériteraient d’urgence des honoraires dignes non seulement de leur compétence, mais aussi de l’entreprise qu’est devenue leur cabinet médical. Tant que ce ne sera pas le cas, ces praticiens devront aligner des actes et des heures de travail pour espérer un revenu digne d’un cadre. Tant que ce ne sera pas revalorisé, on ne voit pas de quelle manière les médecins généralistes, auxquels on demande tant, s’en sortiraient sans avoir les moyens de rémunérer du personnel compétent pour les assister, et les aider à gérer leur cabinet. 

4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 23:11

Ce texte est écrit à la suite d'un échange sur twitter à propos des médecins malades qui ne peuvent s'arrêter de travailler. J'avais promis un texte issu de la réalité, le voici donc

 

Le début de cette histoire vraie est une petite gêne dans le sein, au milieu d’un champ de traumatisme. Tiens… coïncidence…  Je rédige cette histoire pile  10 ans après l’évènement, et par le hasard d’une twitt-discussion autour des maladies de médecins.

J’ai lu avec intérêt le post de dzb sur notre sujet link. C’est très bien écrit, néanmoins je remarque qu’ il ne se voit pas malade, en fait. Il a sublimé une maladie, en a fait un épisode de temps suspendu et irréel entre une vie qui continue sans presque changer, et qui ne veut pas s’arrêter, puis  il s’est vu d’emblée mort.

En pratique, je tire de mon expérience personnelle de la maladie et de la survie qui a suivi, une idée peut-être surprenante. S’il n’est pas bien d’être malade, parce qu’on préfère rester en santé, il est heureux  de pouvoir dire qu’on « a été » malade. Cela traduit que la maladie, même grave, n’est pas venue à bout de votre vie. Et que vous avez toujours la vie, même si la vie après la maladie est forcément différente de la vie d’avant.

Dans ce post, nous sommes censés parler de la difficulté pour le médecin de s’arrêter de travailler. Rien de plus exact. D’où vient cette tradition qu’un médecin, même malade, ne doit pas stopper son activité ?. Serait-ce une conviction en partie née de l’observation de nos patients qui nous démontre que l’inactivité est plus souvent délétère que bénéfique, rien que pour le moral. Que la maladie quand elle est peu sévère comme le problème occulaire de l’amie Fluorette, on doit être fort, et faire comme si de rien. L’image du héros médical qui investit toute son énergie dans le soin des autres, qui se dépense sans compter pour les humains, au dela des tempêtes et des aléas de tous acabits, puis survit toujours à l’épidémie…  est une image fortement ancrée dans l’imaginaire médical, encore au 21ème siècle.

Quand même, ce mardi de fin d’année il y a 10 ans, je me débattais dans les suites illogiques et irrémédiables d’un accident vasculaire survenu chez mon mari quelques mois avant. Equilibriste depuis des mois, entre le boulot, les enfants, son aphasie sévère, et son entreprise à liquider. Du 36 heures sur 24, vive l’insomnie.

La petite douleur au sein s’insinuant, la mémoire de ma dernière mammo pourtant récente s’étant estompée (heureusement, sinon je n’aurais pas fait de contrôle !), ce mardi matin me conduisit chez un radiologue réputé sur la place de Paris.

10 ans, c’est trop court pour estomper la saloperie d’un médecin qui vous balance en pleine tronche un diagnostic de cancer, comme il l’a fait, alors que, cher confrère, et il le sait, vous êtes à poil dans un local sinistre. Quand je me suis exclamée : « oh, mais ce n’est pas possible que cela m’arrive, avec tous les ennuis que nous avons déjà », il m’a vertement rétorqué : mais Madame, vous savez bien que les ennuis, ça ne s’arrête jamais !  Ineffaçable pour toujours …  depuis, je suis devenue formateur en consultation d’annonce, avis aux amateurs.

Vous, si vous n’êtes pas médecin, et à 10 heures 30 du matin, on vous a annoncé un truc comme ça … que feriez-vous ?


Et un médecin, que fait-elle ? elle monte dans sa voiture, rejoint son cabinet … et consulte comme si de rien n’était. Puis le bilan, La ponction biopsie, le bilan d’extension, les consultations, une matinée maxi à chaque fois. Le rendez-vous chez le chirurgien,  puis retour à la consult juste retardée d’une heure ou 2.  Quand on passa aux choses plus sérieuses, heureusement ce ne fut que de la chirurgie. Mutilante et suivie d’une reconstruction. Comme tout médecin, hospitalisations au moment des vacances, bien sur. Donc Noël à l’hôpital, puis Pâques. Le moins de temps d’arrêt possible. Ne pas contredire les patients qui vous voient avec une épaule coincée et croient que vous avez été opérée de l’épaule. Si vous leur dites de quoi vous êtes vraiment malade, cela les perturbe. Perte de confiance (un médecin ne peut pas être malade, et s’il est malade c’est forcément qu’il n’est pas un bon docteur), impatience (je suis la pour me plaindre, pas pour entendre le médecin se plaindre aussi), incrédulité (quoi, un médecin n’est pas protégé de la maladie ?). Faire attention aussi aux confrères, qui font comme si de rien n'était, et se gardent généralement de vous demander de vos nouvelles (par pudeur, disent ils après, par couardise, j’estime plutôt).  Ce n’est qu’en fin de parcours, pour la troisième et dernière intervention, programmée pour le Noël suivant, que je suis devenue enfin raisonnable. Intervention le 11 décembre et pas le 21 ! , les fêtes en famille cette fois, et le luxe de 3 semaines d’arrêt de travail.


Nous avions évoqué avec dzb et fluorette la question des finances.  Notre caisse ne couvre en effet l’arrêt de travail qu’à partir du troisième mois. Aucune profession libérale ne bénéficie d’une prise en charge en arrêt de travail, ce n’est pas spécifique du corps médical. En pratique, pour que cette question ne soit pas une souffrance et un frein à la prise en charge de la maladie grave d’un médecin,  une assurance personnelle couvrant les 3 mois de carence en cas d’arrêt est indispensable.  Elle commence au 15è jour en cas de maladie, et au premier jour en cas d’hospitalisation de plus de 4 ou 5 jours. Même si cela apparait comme un investissement à 30 ans au moment de l’installation, sur un budget qui n’est pas énorme, c’est INDISPENSABLE, et indispensable de la prendre très tôt, quitte à la faire évoluer en taux de prise en charge quand le revenu augmente. Parce que si vous attendez trop pour prendre ce genre de couverture personnelle, l’assurance exclut toutes les pathologies que vous avez eues antérieurement. Donc, les petits jeunes, twittez, écrivez, mais prenez une assurance personnelle arrêt de travail invalidité +++


Parce que la maladie n’épargne pas toujours les médecins. Parce que c’est vrai qu’ils sont alors seuls, démunis, mal entourés par des personnes qui ne savent pas que faire devant un médecin malade.  Et puis quand vous êtes même seulement un peu malades, mais vraiment fatigué, avec des yeux qui piquent et qui vous font souffrir,  sachez aussi que les patients vont survivre si vous arrêtez de bosser quelques jours, et que cela fera frissonner votre revenu, mais  qu’on s’en remet. Il faut parfois savoir s’écouter, les médecins passent leurs journées à écouter les autres, mais pour nous médecins, le plus difficile, c’est qu’on a l’impression que personne ne nous écoute quand c’est notre tour de se plaindre.  Alors, on fait comme si de rien n’était, on continue à s’occuper des autres, et on étouffe  nos émotions…

 

2 septembre 2012 7 02 /09 /septembre /2012 23:09

En matière de santé,  le type même de l’achat peut-être à risque mais surement à bénéfice, c’est le médicament générique.  

 Dans la vie de tous les jours, des achats moins chers et peut-être pas bons pour soi, des achats à risque de santé, on en fait tous.  La boite de conserve à 2 euros alors que toutes les autres du même aliment en valent 6..  on imagine bien que cela cache un risque de santé potentiel. Idem avec le légume bradé de 6 jours pas encore pourri, surement traité avec des produits toxiques. Sans oublier l’objet déstocké, moins cher, certainement moins solide et potentiellement traité avec des produits dangereux.


Acheter est une démarche de type bénéfice/risque.  Si l’on accepte parfois de prendre un  risque de santé, c’est parce que le bénéfice est tangible, et immédiat : cela coûte moins cher.

 

Vous, moi, nous prenons donc en pleine conscience, dans notre vie quotidienne, des risques pour notre santé.


Or, en matière de santé,  le type même de l’achat peut-être à risque mais surement à bénéfice, c’est le médicament générique.


Un risque potentiel  des génériques est ressenti par les patients. Bien que l’on assure que c’est la même molécule, que les différences sont mineures, sans conséquence. Les médias ont bien oeuvré à ce ressenti. Et puis, la société de consommation nous a inculqué ce dogme : si c’est moins cher, c’est surement moins bien.

 

Un bénéfice des génériques est certain. Il est même important. On nous le rabâche à longueur de temps.  Mais il n’est pas un bénéfice de santé. Le bénéfice est présenté comme seulement financier. Prenez des génériques, cela génère des économies de santé. OK c’est moins cher.  Mais c’est moins cher pour qui ? pas pour celui qui estime prendre le risque, parce que lui, les économies, il ne les voit pas. L’organisation de la prise en charge de la  santé  est faite de telle manière que le patient ne sait ni ce qu’il coûte avec ses médicaments ni ce qu’il économise en acceptant d’en changer.


Pas besoin d’avoir de longues années de psychologie pour en déduire que la communication autour des génériques en France a été faite de manière catastrophique.

      

Les termes sont mal choisis : le médicament princeps est aussi appelé  « de référence » .  A l’heure des référents en tous genre,  garants d’expertise, personne n'accepte facilement de se retrouver avec un produit non référent par la force d’une substitution imposée.  


La justification matérielle comme seul argument, en matière de santé, est une idiotie. Pourquoi les génériques sont- ils présentés seulement sous l’angle de la logique commerciale. Cela n’aurait de sens que si l’économie était effective pour l’intéressé. Or elle ne l’est pas pour celui que l’on substitue.  De son point de vue, c’est lui qui prend un risque potentiel, mais un autre que lui, l’état, qui en tire bénéfice.


 On fait appel à la conscience collective du malade, mais en France, le malade est individu avant tout, et la société moderne de plus en plus individualiste.

 

Où est la responsabilisation du patient /sur sa santé / sur ses dépenses de santé ? 

 

Il ne sait ni  ce qu’il dépense ni ce qu’il économise. On l’oblige à prendre un médicament « différent » et qu'il estime souvent moins bien, voire à risque. Grâce à son implication, l’état fait des économies, mais il n’en perçoit pas la valeur.  Le générique n’apporte au patient aucun plus à titre personnel, ni sur  sa santé, ni sur ses finances individuelles.  Et il est cependant obligé de s’y conformer… Comment, sans argument positif pour l’intéressé,  la prise de conscience de l’intérêt en matière de santé publique peut- elle se faire, dans de si nulles conditions de communication ?

 


medicament-revolver.jpg

image Neal. Flick R

 

31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 23:30

Suite de http://www.cris-et-chuchotements.net/article-l-administratif-le-paramedical-et-le-medical-3-mondes-107664473.htm

 

 L’hôpital, plus complexe qu’une entreprise, gestion de l’humain,  adossement de  paradoxes.

 

Les administratifs/ managers

                L’administratif  se nomme  désormais  un « manager ».  Le mot est à la mode, son champ de compétence est variable selon le lieu et l’organisation au sein de laquelle il s’intègre.

Dans tous les cas, l’administratif/manager se définit par une place et une fonction au sein d’un organigramme vertical. Hormis le grand patron (et encore), il dépend forcément d’une instance située au dessus de lui, qui lui adresse des injonctions, appelées communément objectifs. Qu’il soit ou non cadre, il est interfacé, et parfois contraint. Chargé de prévoir et piloter des projets, bien sur…

 

Il ne se rend pas toujours compte des particularité des projets qu’il doit manager en santé :

Tout d’abord parce que sa finalité administrativo-managériale est le moindre coût. L’économie ponctuelle lui suffit, et il ne sait pas bien replacer l’économie dans le véritable objectif des métiers de santé : perdre en coût, certes, mais pas en qualité de soins.  

Ensuite et surtout, le cadre manage des projets médicaux, avec ou sans les personnes concernés, mais, ce n’est pas lui qui va les mettre en œuvre, il n’a pas la main sur la réalisation.  

 

Premier paradoxe : le management a une bonne notion du moindre coût,  mais comme il ne sait pas ce que signifie soigner, il ne pourra pas facilement concevoir ce que recouvre le « mieux soigner à moindre coût ».  En plus, il génèrera des projets pour d’autres, et n’aura pas la compétence pour la réalisation, qui repose sur les soignants.

 

 

Les soignants paramédicaux

                Les soignants médicaux et paramédicaux sont des experts de leur propre métier. Mais, à moins d’avoir complété leur cursus, ce ne sont pas des experts du management.  Les compétences pour gérer les équipes ne s’improvisent pas aussi facilement que le pensent les directions.

Exemple : les cadres de soins.  Ou bien issus du monde du soin,  propulsés en management intermédiaire à des postes pour lesquels ils ne sont souvent  pas assez formés. Ou alors issus de formation cadre, donc non-médicaux,  ils connaissent alors bien le management, mais mal  le monde de la santé.

Cela se démontre souvent dans les hôpitaux : ce n’est pas parce que l’on est expert dans un domaine qu’on l’est dans tous. Ce n’est pas parce que l’on est expert que l’on sait répondre aux attentes à la fois de la hiérarchie et du corps médical.

               

Le management intermédiaire, mal formé à la relation au groupe, et aux influences interpersonnelles, positionné à l’interface des médecins et des directions, se voit missionné pour  diriger, motiver des équipes. Pour ce faire, les cadres de soins sont amenés à déterminer eux-aussi des objectifs, imposés par leurs tutelles. Ils investissent (parfois engloutissent) temps et énergie dans des réunions, des tableaux, des suivis, des déclarations. N’étant plus assez sur le terrain, ils en viennent à sanctionner  ceux qui n’atteignent pas les objectifs fixés, et n’ont pas de temps pour valoriser les efforts de tous.

Ces maillons de la chaine de soins ne savent pas au juste quelle est leur place dans la démarche. Sont ils dans le soin ? dans le management ? la finalité des efforts souvent dispersés qu’on leur impose leur laisse souvent le sentiment que ce sont eux qui font le plus d’efforts.

 

Second paradoxe : on fait « coacher » les cadres de santé… pour leur apprendre l’humain. En arriver la, dans un système censé être consacré à l’humain !  

 

Les médecins, et tous les soignants

 

                Le médecin affirme généralement que ce n’est pas possible  d’augmenter l’activité, et              la  productivité, tout en réduisant les moyens alloués. Il dit que la gestion centralisée est délétère, que la standardisation des patients cela n’existe  pas, que les durées de séjour calibrées ne sont pas de son ressort. Que les coûts générés par ses actions médicales ne font pas partie de sa compétence qui est centrée sur le soin.

                Le fondement du métier des médecins, c’est en effet, avant tout, les patients. Pas des lits, et encore moins un management transversal dont ils perçoivent certes l’impérative nécessité, mais dont ils ne veulent pas se charger, considérant en règle générale que ce ne fait pas partie de leur fonction .

 

            Les infirmières, les médecins, les paramédicaux, tous sont souvent  dans l’illusion qu’ils donnent plus d’efforts que les autres, et recoivent trop peu de contrepartie.

 

Troisième paradoxe : les médecins et les soignants on la main sur le  « mieux soigner », mais ne sont guère  intéressés par le meilleur coût, qui leur apparait toujours comme synonyme de perte. Et en effet,  dans la prise en charge de l’humain, il y a toujours un moment ou la question ne se résumera pas à celle de l’optimisation des dépenses et des moyens. Pourtant, on peut aussi soigner bien sans négliger totalement le point de vue financier, et  il est probable que les médecins ont tort de se désintéresser à ce point du volet financier de leurs actions. En ce faisant, ils laissent à d’autres la charge de les gérer, puis ils s’en plaignent, mais ne sont pas proactifs, restant dans une attitude défensive souvent délétère pour eux et leurs patients.

 

Homogénéiser ces situations paradoxales au sein des établissements de santé.

 

Faisons le point… trouver réunis dans une structure, un management de direction , un management de soins avec des cadres « intermédiaires » et en troisième lieu des pilotes du soin que sont les médecins, les infirmières et autres paramédicaux, c’est un peu comme disposer  de tous les ingrédients pour faire prendre une mayonnaise, sans savoir qui pourrait  (ou voudrait) s’impliquer pour faire monter l’émulsion.

 

Le management a fourni la recette, tous les  ingrédients sont dans le bol, mais … qui tourne la cuillère avec l’énergie suffisante pour émulsionner le tout ?. Chacun veut bien tourner un peu la fameuse cuillère, mais à la vitesse qu’il a choisie, dans le sens qu’il a décidé, et seulement dans le temps libre dont il dispose.  

Du coup la mayonnaise a du mal à prendre. Et pourtant, tous les ingrédients sont bien la.  L’ingrédient principal et incontournable, l’huile du système, c’est le patient. C’est donc autour de lui que les ingrédients doivent être à la bonne place. Et surtout, il faut trouver la personne motivée pour tourner la cuillère et faire prendre l’émulsion.

L’humanité attendue dans les métiers de santé manque cruellement dans les modèles managériaux. Les objectifs des uns et des autres sont si peu partagés que le projet de l’hôpital n’est jamais global. Il s’agit de mettre un pansement par ci ou par la, de replâtrer une brêche financière quitte à en générer une autre dans le service voisin.

 

La gestion hospitalière aurait grand besoin de s’inspirer des sociétés de nouvelles technologies à management humain, ou l’on se parle, ou l’on communique, avec un projet global émulsionnant la mayonnaise dans le sens de la réussite partagée de tous les acteurs concernés. La gestion hospitalière devrait s’intéresser à mettre du lien entre les différents champs de compétences, à être rassembleuse  sur des actions au bénéfice de tous, patients, soignants et financement.

 

13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 17:35

Que signifie donc ce fameux "déficit de l'assurance maladie".


Je décide de tenter une explication sur ce budget particulier, et son déficit chronique. Donnée de base: Il s'agit d'un budget sur lequel l’état n’a pas vraiment  de contrôle tant au niveau de  ses entrées que de ses sorties. Pourtant c'est bien l'état qui est le garant de son équilibre budgétaire, et cela rend la situation pas simple. Nous évoquerons successivement la question des dépenses, puis celle des recettes, pour terminer en évoquant un des remèdes potentiels des années à venir.

 

I-                  Les dépenses de la sécu augmentent t’elles vraiment, et pourquoi ?

 

La réponse est oui : les dépenses de santé augmentent de manière continue.  

Illustration par 2 graphiques :

 

Ce premier schéma des 20 dernières années,  dessine  à la fois l’augmentation des dépenses à tous les âges, mais aussi l’envol des dépenses après 60 ans.

 

depenses-de-sante-en-france.jpg

 

 

Ce second tableau vous montre à quel point  les  dépenses de santé augmentent beaucoup plus vite que la richesse nationale, En 1950, les dépenses de santé représentaient 2,8% du PIB, en 2010 elles se montent à presque 10% du PIB.(9,2%).    

 augmentation-PIB.jpg


C'est donc incontournable : Les progrès de la science, de la médecine, augmentent les dépenses liées à la santé. 

Même s’il y a une conscience collective de cette inflation, en matière de santé, l’individuel prime. Chaque individu réclame des soins, sans se soucier des dépenses globales.  …  Les Maladies chroniques représentent 15 millions de personnes soit 20% de la population dont 10 millions en ALD, les  Sujets âgés sont de plus en plus nombreux,  La Polypathologie et La Dépendance prennent une place croissante dans les dépenses.

 L’état tente bien de faire baisser de diverses manières ces dépenses. En accentuant la pression alternativement sur le corps médical, sur les patients, sur l’industrie pharmaceutique. Ca ne réussit pas vraiment.  

 

II-       Les dépenses de santé augmentent ….  il faudrait donc augmenter les recettes !

    Mais comment augmenter les recettes de la sécu ?


1-      On pourrait ainsi imaginer de décider qu’une plus grande fraction des dépenses de l’état soit consacrée à la santé. Après tout, puisque les gens réclament des soins,  le pays pourrait être d’accord pour consacrer une part croissante de son PIB à la santé.  En plus c’est générateur d’emplois.  Le problème c’est que le budget de l’état n’est pas extensible. Donc cette augmentation au profit de la santé, se ferait aux dépends d’autres secteurs réclamant aussi des augmentations de dépenses, tout aussi légitimes (l’éducation, par exemple). L’état ne peut donc privilégier la santé au détriment des autres secteurs.

2-      On pourrait imaginer d’indexer différemment les prélèvements, qui sont actuellement liés au travail. Tout le monde sait que le travail diminuant, cela induit une baisse des rentrées. Rompre  le lien entre prélèvement social et travail est une idée. Mais, cela aboutirait de toutes manières à une augmentation des prélèvements globaux. Le problème c’est qu’on a déjà  des seuils élevés de prélèvements obligatoires  et les augmenter peut devenir insoutenable pour une population .

 

Regardez ce graphique : les prélèvements obligatoires sont actuellement aux alentours de 60 % des rémunérations nettes.

 

prelevemets-obligatoires.jpg

  

 

III-           Conclusion : Le « déficit » de l’assurance maladie est en réalité,  une crise de soutenabilité.


L’état ne peut soutenir ses ambitions ni celle de sa population. Les dépenses augmentent plus qu’il ne le voudrait, et toutes ses tentatives pour les contenir sont vaines. Les rentrées ne peuvent pas augmenter autant qu’il le souhaiterait, car elles atteindraient un niveau  insupportable (pour les électeurs).

 

Que peut faire l’état : depuis 1980, il a décidé de contenir l’augmentation des dépenses de santé dans une enveloppe globale de dépense, en fixant des objectifs de croissance de celles-ci.  Néanmoins  les objectifs fixés sont  irréalistes, et plus de 30 années de recul démontrent qu'ils ne sont jamais tenus.  En plus, les rentrées diminuent du fait des crises successives. Le problème de fond n’est pas résolu. On dit qu’il y a un déficit , mais en réalité, c’est une crise de la soutenabilité des dépenses par cet organisme, qui a trop de dépenses, et pas assez de rentrées d’argent.


IV-           Comment envisager l’avenir ?

 

L’avenir tient dans le paradigme suivant :  de quelle manière  gérer  la part consacrée aux dépenses de  santé, comment les financer durablement, sans augmenter les prélèvements ? 

L’assurance maladie en France devrait (ou voudrait ?) relever plusieurs défis :

-          Ne pas remettre en cause le principe de la solidarité nationale = remboursement des soins de santé indifféremment du niveau de revenu des malades

-          Réduire les déficits sans augmenter les prélèvements.

-          Trouver une solution de financement durable  les dépenses de santé

-          Améliorer la qualité de prise en charge des maladies chroniques.

 

Ne faudrait il pas alors  repenser la dépense de santé ? Autrement dit  en termes managériaux :  changer les modes de production en santé. Ne pas augmenter ses recettes par  la fiscalité, mais plutôt  baisser ses dépenses, non plus en les contenant dans une enveloppe fixe qui n'a pas de sens, mais plutôt en repensant les dépenses de santé ?

Du financement de dépenses individuelles et incontrôlées, on irait vers une amélioration de l’efficience de la prise en charge des maladies et des patients, particulièrement ceux qui sont atteints de maladies chroniques,  passant peut-être par l’organisation et le financement de PARCOURS DE SOINS.

 

1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 23:38

3 mondes collaborent au fonctionnement des établissements de santé et de la prise en charge des patients. « Le médical, le paramédical, et l’administratif ».

En tête de liste, il est obligatoire de faire figurer le plus important de ces 3 mondes : Le monde  médical. On ne devrait jamais oublier que la santé ne peut se passer des médecins, c’est eux qui la préservent, et la font progresser.

Le changement récent de paradigme de la santé provient d’une singulière évolution : La notion de "système de santé".  Dont les médecins ne sont que l’un des maillons.

Bon d’accord, les progrès de la médecine viennent en grande partie des médecins,  mais pas seulement, la logistique et l’administration ont compté de tout temps. On peut alléguer  que Pierre et Marie Curie sans l’administratif qui les hébergeait et les aidait n’auraient rien découvert, c’est peut-être vrai, … mais pas complètement, car leur génie créatif aurait pu s’abriter ailleurs que dans les murs de la faculté.  A l’inverse, c’est irréfutable,  l’administratif sans Pierre et Marie Curie n’aurait jamais rien découvert. Ce qui corrobore le caractère indispensable des médecins dans tout cela.

Même si  tous les docteurs ne sont pas des génies, en chacun d’eux se trouve une somme de connaissances et d’expériences qui  n’est à la portée de personne d’autre.

Je veux en venir à ceci : quelles que soient les démarches qui  concourent à encadrer,  à réduire la place du corps médical, à déléguer leurs tâches, voire à tenter de se passer des médecins,  sans les médecins,  il n’y a pas de santé.

Maintenant que les médecins sont un maillon du (ou des ?) "système de santé", un maillon parmi 3 mondes, demandons-nous si la conjonction du médical, du paramédical et de l’administratif concourt vraiment à l’accélération du progrès en  santé, à l’amélioration de la prise en charge des patients,  qui est, normalement, la première finalité de ce système.  La seconde finalité étant de réussir cela au moindre coût. Cette seconde nécéssité pouvant devenir prédominante dans bien des cas…

Donc l’idée serait que les mondes du médical, du paramédical, et de l’administration, ayant au départ peu de valeurs communes, travaillent en transversalité et en complémentarité pour concourir à une prise en charge de qualité optimale et de coût minimal.  

Cette idée d’une collaboration fructueuse est un vrai challenge.

Mais, elle souffre d’un énorme point faible. Le point faible, c’est que la seule valeur théorique commune est le manque chronique d’argent de l’état et de la collectivité. Et que l’idée d’injecter tant d’administratif dans le médical, a pour principale et presque seule justification un prétexte financier ! 

Face à cet assaut administratif, le manque de coordination des médecins et autres soignants est flagrant. Centrés sur la personne, individualistes, manquant de conscience collective, les soignants, particulièrement le corps médical, jettent un œil critique et dénué d’intérêt à  tous ces paramètres mesurables  en population qui sont la préoccupation de l’encadrement administratif et de l’état.  lls n’offrent aucune opposition remarquable à l’afflux massif d’encadrement  administratif.

Les médecins ne comprennent pas l’administratif. Pour créer des interfaces productives et  la transversalité souhaitée par tous, on attendrait donc qu’en principe les administratifs comprennent les problématiques des soignants.  

Les managers sont surement moins individualistes que les médecins. Ils ont l’habitude de fonctionner en système.  Cependant  les cadres et autres dirigeants prétendent  faire l’apologie d’une transversalité qui leur est étrangère,  puisqu’ils sont généralement dans la contrainte d’une organisation hiérarchique totalement verticale.  D’autre part, tandis que le médecin se confronte à l’humain, l’administratif  formé en école de commerce et de management, manipule des chiffres, des objectifs, des projets »,  définit des besoins,  gère des  appels d’offre auprès de prestataires, collige les réponses , calcule des budgets. L’administratif fonctionne essentiellement en « mode projet », projets dont il confie la réalisation aux soignants.

Chacune des 3 composantes du système de santé possède donc son modèle de fonctionnement autonome, sa propre hiérarchie.  Les interfaces constituent des points de friction. Ils ne se comprennent pas vraiment.  On vient de voir que leurs modèles productifs n’ont rien de commun, et le travail des autres corps est plus souvent l’objet de critiques.   Les administratifs pensent beaucoup trop facilement que c’est la faute des médecins s’ils  n’appliquent pas les projets qu’ils ont imaginés et calibrés.  Ils pensent généralement qu’à la place des médecins, ils feraient mieux.  Mais les médecins sont incontournables .. et ingérables.  Il est clair aussi que  trop de  projets viennent de savants siégeant derrière des bureaux déconnectés de la réalité de la pratique d’un médecin.

Au total, transformer la  prise en charge de la santé et de la médecine en « système », et le surdoser en administratifs,  tout cela au nom de la seule valeur financière, n’apparait pas d’évidence comme un paramètre de progrès. Au contraire, l’incompréhension entre médical et administratif est une épine irritative et une entrave. Pour que le système perdure tel qu’actuellement défini,  pour  que les médecins de moins en moins nombreux ne soient pas asservis à des administratifs hypertrophiques, je dirais que les 3 composantes du système de santé, le médical, le paramédical, et l’administratif,  devraient apprendre à se trouver une autre valeur commune que l’argent. 

19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 21:54

Voici des nouvelles d’Arnaud, ce jeune homme suintant l’alcool connu fin Mars un matin tôt. Résumé de la première consultation ici http://www.cris-et-chuchotements.net/article-arnaud-32-ans-2-grammes-d-alcoolemie-a-8-h-du-mat-102569065.html.

Quelques jours après la consultation, ses parents m'appellent à plusieurs reprises.  Des parents anxieux, désespérés de l’état de leur fils.  Ils m’assurent de la soudaine et réelle motivation de leur garçon. De tergiversations en reports, Arnaud se retrouve enfin hospitalisé dans un lit de médecine.

Son pauvre foie de 32 ans a déjà bien trinqué…. Il existe une cirrhose constituée sur la biopsie de foie, une insuffisance hépatique déjà bien avancée aussi.  Un tel tableau, c’est le chemin de la greffe d’ici peu d’années, s'en doute t'il …

Dans sa chambre d’hôpital, c’est surprenant, Arnaud retrouve la parole. Nous échangeons autour de son souhait d’arrêter, des difficultés, des possibilités de se faire aider. Il est motivé, mais bon, l’alcoolique est souvent motivé quand il a des ennuis. Dans la vraie vie, la motivation est fragile,  la carapace de l’abstinence se fissure bien vite avec le retour des tentations.

A la sortie de l’hôpital, bien sur, un rendez-vous est fixé, et il n’y vient pas.   Ce genre de malade, de toutes manières, on s’attend à ce qu’il reparaisse tôt ou tard, d'une manière ou d'une autre dans votre paysage médical, c’est incontournable  vu son état. Dans un délai plus ou moins long. En plus, il est évident que l’on me préviendra si un tel phénomène se repointe à la clinique vu que ça se bouscule pas pour gérer un tel client.

Surprise, ce n’est ni aux urgences ni en hospitalisation que je le retrouve cette semaine, mais tout simplement avec un rendez-vous de consultation. Les urgences, il y est passé il y a quelques jours, suite à un malaise, sur trop d'alcool. C'était dans les toilettes, et la chute l’a précipité tête première sur la porcelaine. Son thorax n’est qu’un bleu, sa lèvre éclatée. 

Le voici donc, la gueule cassée. Sa mère l'accompagne.

Une  si belle évolution mérite un second article dans mon blog. Ne rêvez pas, il n’a pas arrêté de boire ! Cependant, il a réussi plusieurs sessions de 10 jours sans alcool, suivies de craquages massifs. Avec le plus grand sérieux, il m’explique combien c’est difficile pour lui d’éviter le rayon bière, car ce rayon se trouve juste à côté du rayon de l’eau, et que de plus, le supermarché est en face de chez lui.

Il y a du positif. Ses parents l’aident. Il a décidé de revenir provisoirement vivre avec eux. Il s’est renseigné sur les centres d’alcoologie, auprès de copains d’ivresse certes, mais c’est déjà ça. Il a fait des recherches sur internet, et a entendu parler de la fameuse molécule miracle, le baclofène, qui dégouterait de l’alcool. Maintenant, il s’exprime, échange en consultation.Sa mère verse quelques larmes. 

Tout ce petit progrès est mince, fragile, bien sur, et ne lui rendra pas un foie neuf,  mais je me suis empressée de souligner les points positifs. Et de prescrire le fameux baclofène.

Et quelques examens pas encore pratiqués qui devraient le maintenir dans mon champ de vue les semaines à venir pour suivre de près son évolution.


Ben tiens, je vous le confie, un chemin de  progrès comme ça justifie l'investissement du médecin, et ça fait plaisir, vraiment ! 

21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 20:35

Du cancer ... aux cancers

Le cancer... n'est plus un ennemi simple et unique,  relevant d'une lutte identique chez tous les malades...

 

Les génomes et les caractéristiques moléculaires des cancers sont diversifiés, ça commence à se savoir, grâce aux progrès de l'analyse génétique, et aux banques d'échantillons tumoraux.

 

Cette diversité des cancers du sein est le sujet de l'étude METABRIC (Molecular Taxonomy of Breast Cancer International Consortium). 2000 tumeurs,  sur lesquelles a porté l'analyse en parallèle des caractéristiques moléculaires  et du devenir clinique des femmes atteintes, notamment leur âge au diagnostic et leur survie.

Ainsi, ce n'est plus un cancer du sein, mais 10 cancers différents qui ont des particularités cliniques et évolutives différentes. Et surtout, des réponses thérapeutiques,  particulières à chaque empreinte moléculaire. Complétée par la recherche de récepteurs hormonaux présents ou non à la surface des cellules cancereuses, que l'on connait et utilise déja ( récepteurs aux oestrogènes, à la progestérone, et récepteurs Her2), les traitements pourront être adapté à chaque cas. 

Bentôt le test PAM 50 pourra examiner 50 gènes différents, de manière à déterminer une empreinte génétique de chaque cancer du sein. Une cartographie moléculaire spécifique d'un cancer, à laquelle répondra le traitement le plus adapté, de manière à améliorer le pronostic de cette maladie.

 

 

The ten ‘clusters’

Here’s an overview of the characteristics of each of the clusters identified:

Cluster Outlook Copy number defects Comparisons and other notes
1 Intermediate Chromosome 17 ‘Luminal B’-like, generally ER+
2 Poor 2 x faults on chromosome 11 Mixture of luminal A&B
3 Good Very few ‘Luminal A’-like
4 Good Very few, mainly immune system genes High levels of immune cells in tumour
5 Extremely poor Chromosome 17 (Her2 gene) Mixture of ‘Luminal B’ and ‘Her2’
6 Intermediate Region of chromosome 8 deleted ER+, generally Luminal
7 Good Chromosome 16 Luminal A
8 Good Chromosomes 1 & 16 Luminal A
9 Intermediate Ch 8 and/or 20 Luminal/ER+
10 Poor 5-year outcome; good long-term outcome if alive at 5 years Chrs 5, 8, 10 and 12 Bas

 

Publication Avril 2012 dans la revue Nature

Résumé sur le site de la revue : ici

une synthèse assez complète: par la.

21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 22:48

 Mars est le mois du dépistage du cancer colique.


Le dépistage est proposé aux personnes non malades, et selon les départements il est envoyé par la poste, ou bien remis par les médecins traitants
Comme tous les dépistages, il s'adresse aux personnes en bonne santé, d'âge entre 50 et 75 ans. Ces bornes d'âge étant fixées par intérêt de santé publique. Seules sont concernées les personnes n'ayant aucun symptôme digestif, et pas d'antécédent de cancer chez les parents ou les frères et soeurs. Dans les autres cas, il faut consulter un gastroentérologue.

Le dépistage de masse des cancers coliques repose sur un seul test:
LE TEST HEMOCCULT;

Ce test permet de rechercher des quantités minimes de sang dans les selles, ce qui peut être le reflet indirect du saignement d'un polype (bénin), mais aussi d'un cancer débutant, et sans symptôme. Si le test est positif, une coloscopie est indiquée formellement. informations sur la coloscopie

Si vous avez reçu le test et que vous ne l'avez pas encore réalisé, je vous incite à le faire dès maintenant.

Si vous souhaitez plus d'informations, les médecins de la société française d'endoscopie organisent une journée d'information le Mardi 27 mars. Vous pouvez trouver le détail des médecins qui peuvent vous recevoir sur le site SFED.org.
Bien entendu, je serai parmi ceux qui tiendront stand, mais ma nécessaire aspiration à l'anonymat ne me permet pas de dire ou !

J'ajouterai une remarque d'importance: si vous avez plus de 45 ans et que vous remarquez du sang dans vos selles, même une seule fois, une coloscopie est indispensable. Il ne faut pas se rassurer faussement en se disant que ce sont des hémorroides.journpreventkcolo2012 vign

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