Dernier acte de la séquence annonce ce matin, avec la nouvelle du départ des directeurs à tous les cadres.
A défaut d'âvoir des compétences de management, j'occupe les réunions à exploiter les méandres de mon empathie, en tentant d'analyser les pensées des autres
Les 2 émetteurs de la nouvelle, j'en ai déja parlé, ont refait ce matin le scénario de la veille. A chaque réunion, le public était différent, la situation était superposable, nécessitant que tous dussent encaisser la force du message.
Les émotionnels ont pâli, ou bien gardé un regard fixe pour ne pas que les larmes s'y mettent à couler. Ils ont cru donner le change avec la fixité de leurs yeux, mais l'embuement visible ne trompait pas. Les anxieux ont contracté le front , plissé les paupières, trituré leurs lèvres en un rictus coincé. Les nerveux ont broyé leurs jointures, croisé et décroisé les jambes.
A part ces mouvements divers, mais localisés, on retrouvait comme une constante, l'immobilité, l'attitude figée dans la sidération de la nouvelle. Puis rapidement l'apparition de comportements de relachement, quand le cerveau, sortant de la sidération, retrouvait la capacité de raisonner, de réaliser que rien de vraiment grave n'était en train de se produire hormis un changement d'habitude, hormis la vraie vie qui veut que les uns partent vers les cieux de la retraite, et qu'ils l'ont bien mérité.
Le relachement inaugurait les tempêtes se produisant dans chaque cerveau. Et moi, se disait chacun par devers soi, et moi, que va t'il m'arriver, que vais je devenir ? . Qu'est ce que cela va modifier pour moi ?. Chacun se croyant à cet instant convaincu que ce qu'il était en train de voir disparaitre était le meilleur. La surprise apportait avec elle une conviction, celle d'un regret. Regret d'un temps en train de disparaitre, et qui de ce fait devenait soudainement évalué comme exceptionnel, et plus jamais reproductible. Comme si quitter le nid douillet des habitudes relationnelles avec des managers connus et appréciés, ne pouvait finalement les conduire que vers moins bien. L'ancrage dans la conviction intime que rien ne serait jamais aussi bien que maintenant, était le premier réflexe de tous. Les qualités de ceux qui partaient apparaissaient soudain en gros plan, comme des évidences que l'on n'avait pas envie de quitter pour aller vers un inconnu aveugle et imprévisible
Car en définitive, ce qui intéresse chacun, ce n'est que ce qui va lui arriver à lui ou à elle. Les évènements, certes, sont importants, mais l'essentiel ne sera jamais que l'importance des changements personnels engendrés.
A partir de ce moment, les réflexions vont aller bon train dans les cerveaux de ceux qui savent. Elles sont en oeuvre aussitôt , j'ai eu l'occasion de m'en rendre compte dès ce matin. Il y a ceux qui réagiront avec philosophie, ceux qui s'adapteront à la nouvelle gouvernance. Et puis il y aura l'inévitable petit groupe de courtisans, ceux qui vont aller coller leur glu le plus vite possible auprès de la nouvelle, dans l'objectif inavouable de se mettre en position, de garder une influence, voire de la trouver ou de la retrouver s'ils ne l'avaient pas conquise auparavant.
La personne qui arrive n'étant pas née de la dernière pluie ne devrait pas se laisser aveugler par le ballet des demandeurs, des quémandeurs, des intéressés. J'ai l'avantage de déja savoir qui ils seront, connaissant assez bien les différents protagonistes médicaux de l'action... quoi que, on est toujours surpris de la réaction de certains , jusque la restés dans l'ombre et qui sortent de leur réserve pour tenter leur chance dans de telles circonstances.
A suivre.. Manière à moi de calmer mes craintes, de prendre du recul pour ne pas poser trop vite les questions, d'attendre que les choses se passent: observer .