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Un rapport chiffré devrait mettre de l'eau au moulin des médecins. On les compte, on les recompte, on analyse leur répartition par âge, par région, par sexe même ( Oui, pour les médecins, même leur sexe questionne, c'est incroyable!). Au total, on se rend compte qu'on va bientôt manquer pour de vrai de ce bien précieux qu'est un médecin généraliste.
professionnels alors que leur nombre ne cesse d’augmenter.
Paradoxe : Plus de médecins en exercice en 2014 qu’en 1979.
1979 : 2 médecins pour 1000 habitant,
2014 : 3,34 médecins pour 1000 hbts (
http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF06102.
2015: un déficit de jeunes praticiens augmente cette impression de pénurie.
Mais surtout, le nombre de généralistes libéraux n’augmente pas suffisamment . Et l’augmentation de la demande de soins médicaux explique la difficulté de faire face, même à plus nombreux
Mais ou sont donc passés les généralistes ? Une baisse de plus de 7 % du nombre de généralistes entre 2007 et 2015. Parmi les raisons, une mathématique simple : plus de vieux qui s’en vont, moins de jeunes qui arrivent et encore moins de jeunes qui veulent s’installer.
58104 MG libéraux en 2015, 54000 prévus en 2020. Faire pivoter une demande de soins en augmentation sur un nombre de praticiens en restriction, voila bien une théorie qui va mettre du grappin dans les rouages du pilotage médical du parcours de soins.
Et aussi, la seule profession dont on peut s’indigner en toute légitimité que les femmes souhaitent concilier vie familiale et vie professionnelle
Imaginez … la même critique des femmes avocates, juristes, politiques, etc !
Moyenne d’âge du corps médical en 2015 : 51 ans.
1 médecin en exercice sur 4 a plus de 60 ans : y a-t-il un autre métier ou c’est ainsi ?
12946 retraités actifs encore en exercice.
C'est grâce à eux que le nombre de généralistes actifs ne s'écroule pas
Les jeunes généralistes de la filière médecine générale, ou passent t'ils donc ? Les flux d’entrée dans les filières de spécialité médecine générale ne sont pas superposables aux flux de sortie. Beaucoup de stratégies sont mises en place par les jeunes médecins pour échapper au spectre de l'installation libérale. Cancérologie, médecine salariée, gériatrie en établissement de santé, journalisme, administration, remplacements professionnels, toutes sortes d’échappatoires sont disponibles pour ne pas arriver sur le marché du cabinet libéral de médecine générale. Chaque année, près du quart des médecins de chaque faculté ne s’inscrit pas à l’ordre et exerce d’autres professions.
Seul volant de régulation d’un revenu médical = le volume d’activité. Moins la consultation est tarifée, plus il faut d’heures travaillées pour obtenir le même résultat et donc plus le médecin voit de patients. Aucun intérêt à augmenter les tarifs. Si on augmente les tarifs, les médecins travaillent moins, et la file d’attente s’allonge. Fort intérêt donc à bloquer, voire baisser les tarifs pour motiver les médecins pénuriques à travailler plus.
Face a l’augmentation de la demande de soins, les médecins sont capables d’une augmentation de leur rythme de production pour éviter que les files d’attentes s’allongent. S’ils ne le font pas spontanément, on fait pression sur eux pour qu’ils augmentent leur productivité.
Cette idée opportunément jetée sur le marché récemment est d'une immonde mauvaise foi. Sauter à pieds joints sur le travail réalisé en même temps que l’apprentissage est révoltant pour les médecins ayant sacrifié tant d'heures et de temps, pour leur jeunesse passée entre les murs des hôpitaux. Les étudiants en médecine ne sont pas de simples observateurs grassement rémunérés en cours gratuits. Ce sont les fourmis ouvrières de l’hôpital.
Augmentation de plus de 40% du nombre de médecins étrangers de 2007 à 2015.
Mais problème. Même les immigrés ne se répartissent pas comme on voudrait. Pas plus moyen que les médecins français de les faire installer en libéral, seulement un quart d’entre eux accepte. Les autres veulent être salariés.
Compte t’on les retraités de la banque, de la finance, du droit, avec les professionnels du métier ? médecin, la seule profession dont on s’émeuve qu’elle accroisse son nombre de retraités sans accroitre son nombre d’actifs.
D'ou l'idée de génie: tout mettre en oeuvre pour que les retraités continuent d'exercer.
Médecin un jour = médecin toujours ?
Car elle peut priver des patients de soins.
Y compris ceux qui veulent voir un médecin à 11 heures du soir ou le dimanche pour un problème non urgent
Y compris pour les morts dont on se scandalise quand un médecin ne se libère pas sur le champ pour venir signer le papier bleu.
Y compris après 12 heures de travail continu ou la nuit même pour ceux dérangeant le médecin pour un bobo évoluant depuis plusieurs jours déjà.
Médecin, la seule profession ou l'on doit sans cesse se dédouaner "ce n'est pas la responsabilité du corps médical s'il en est ainsi"
Les producteurs de chiffres n'ont de cesse de les manipuler en tous sens, dans l'objectif de faire oublier une donnée non négligeable: ce sont leurs choix qui ont mené à cette situation. D'un ton accusateur, ils pointent les médecins ne voulant pas s'installer, les femmes désireuses de temps libre. Pour autant, les fautifs ne sont pas les médecins. Les économistes de santé, et autres politques de tous bords ayant contribué à la situation actuelle se sont anesthésiés de l'irréalité des projections théoriques, de dogmatismes irréfléchis, d'une étroitesse de vision qu'ils ne manquent pas de reprocher aux autres. Leur doctrine fondamentale, celle que l'offre médicale créait la demande, était un déni de l'évolution sociétale.
Bruts, ces chiffres sont déprimants. Ils le seront de plus en plus si ceux qui ont conduit à cet état de fait continuent à en rendre les médecins responsables, et à vouloir mettre cette profession totalement sous leur tutelle. Ils savent trop que ce qui est rare est cher, et cela va justement contre leur idée qui prétend que la médecine en France doit être gratuite pour tous.
Que les patients ne se fassent aucune illusion. Au final, ce sont eux qui payeront. Au lieu de rémunérer la sécu, ils payeront les mutuelles. Et cela leur coûtera bien évidemment beaucoup plus cher. Surtout si c'est pour être soigné par des médecins rares, mais malgré tout contraints et paupérisés.
Réf : http://www.demographie.medecin.fr/sites/default/files/atlas_demographie/atlas_2015.pdf
http://www.conseil-national.medecin.fr/node/1607
http://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/atlas_2014.pdf