Déménagement définitif du blog à l'adresse suivante: www.cris-et-chuchotements-medicaux.net
En ces temps de disette d'argent pour la santé, pourquoi passe t’on sous silence ces 2 fléaux de dépenses que sont la surconsommation de consultations et de médicament ?
Surconsommation
Les français se font remarquer dans le monde entier. Chez eux, tout semble toujours aller de travers. Ce peuple qui a fait la révolution, a toujours eu du mal à s’en remettre. Le français abhorre les rois, mais s’accommode d’un président vivant dans un palais, entouré de laquais. Le français est toujours angoissé, a peur du lendemain. En toutes choses, il aime et n’aime pas, et craint de donner son entière adhésion par crainte de ne pouvoir rebrousser chemin.
En matière médicale, le patient français a besoin d’être en permanence rassuré. A cet effet, il aime et a besoin de consulter son médecin. Avantage français, la consultation médicale est disponible à volonté et peu onéreuse (quoi qu'on en dise). Des moyens sont mis à disposition pour qu’un accès possible aux soins existe pour tous, aussi bien ceux qui se croient malades, que ceux qui se craignent malades. Donc, en France, on estime que toute demande de voir un médecin est légitime, et ne doit faire l’objet ni de délai, ni de refus. Le français a le droit de voir qui il veut, généraliste, spécialiste, urgentiste, quand il veut, et autant qu’il estime en avoir besoin. Le français est content, car personne ne lui demande jamais de compte, et en ce domaine il peut recourir aux soins autant que bon lui semble.
Au cas ou il viendrait à penser que ce comportement alimente les dépenses de santé, le français sait faire taire ses scrupules. Il se convainc avec aisance que ses quelques consultations, ou recours aux urgences, ne seront en rien responsables du déficit de l’assurance maladie
Le français prétend détester les médicaments, mais en même temps, l’acte médical sans action prescriptive lui est une grande frustration. S’il sort d’un cabinet médical sans médicament, le français en ressent une sorte de manque. La pratique s’est institutionnalisée de longue date, médecin = médicament. En vrai, une fois sorti de la pharmacie, et muni de son sac en plastique de patate contenant les précieux comprimés, il réalise que oui, il n’aime pas prendre des médicaments.
Vis-à-vis des médicaments, le français doit assumer un vrai paradoxe. Tout en croyant que les médicaments sont des concentrés de miracle, il redoute d’avaler des molécules inconnues. Le français éprouve donc vis-à-vis des médicaments une sorte d’amour phobique. Frayeur alimentée par la surmédiatisation du moindre incident médical L’inconscient du français lui dicte que la nature fait souvent aussi bien que les médicaments face à un rhume, une grippe, ou un bouton. Mais, c’est si rare de nos jours, de pouvoir se procurer un truc gratuit, et prometteur de bonne santé. Autant la nourriture, ça fait mal de la jeter sans l’avoir mangée, en revanche une boite de médicament bien pleine conservée dans un placard à pharmacie, ce n’est pas aussi culpabilisant que jeter de la bouffe. Ca pourra éventuellement resservir.
Au moment de penser que ce comportement alimente les dépenses de santé, le français s’applique à faire taire ses scrupules. Il se convainc avec talent que les quelques pauvres médicaments qu’il achète ne seront pas responsables du déficit de l’assurance maladie. Il lira parfois dans la presse que chaque français consomme plus de 500 euros de médicament par an, près d’une boite par semaine par habitant, mais ne se sentira pas concerné. Il continuera à acheter ses médicaments avec la bonne conscience de celui qui ne cherche pas à connaitre le prix de son achat.
Gaspillage
Seulement, quand il faut les avaler, ces médicaments si porteurs de mystères scientifiques, le français, tout soudain, retrouve ses angoisses. Et si finalement c’était trop ? et si, finalement, ces molécules étaient plus dangereuses que bénéfiques pour lui ? Il goute donc moins les médicaments en bouche qu’en boite. Il arrive même qu’il se contente de regarder les boites. Mésusage rimera bientôt avec gaspillage. .
Gaspillage n°1 : Une amélioration complète de tous les troubles survient après 48 heures. Arrêt du traitement. A quoi bon le continuer, il a marché.
Gaspillage n°2 : aucune amélioration n’est constatée après 48 heures. Arrêt du traitement. A quoi bon le continuer, il ne marche pas
Gaspillage n°3 : c’est un traitement chronique. A quoi bon prendre régulièrement un comprimé, c’est une contrainte. Ne pas oublier, par contre, d’être sérieux avant la prochaine prise de tension ou la prochaine prise de sang. Ne pas oublier non plus de l’acheter chaque mois, et le stocker chez soi en attendant des jours de disette médicamenteuse.
Gaspillage n°4 : une des molécules est conditionnée en 28 comprimés, l’autre en 30. Le décalage de l’une des boites finira par générer un stock.
Presque pas de maison sans une pharmacie conséquente d’avance. Quel prix, tous ces médicaments achetés, non consommés, gardés, puis finalement jetés ?
Quelques consultations superflues, quelques médicaments abandonnés. Les petits ruisseaux que chacun alimente en toute bonne conscience font le lit des grandes rivières de dépenses et participent autant que le reste à dégrader la santé des comptes de la sécurité sociale.