Déménagement définitif du blog à l'adresse suivante: www.cris-et-chuchotements-medicaux.net
Retour sur la problématique de l’aidant
En effet, à intervalles, plus ou moins réguliers, je viens plaquer sur ce blog les cris de rage et de désespoir de l’aidant familial coincé.
A ces soupirs, ces déchirements, des correspondants perçoivent ma détresse. Dans l’immense univers de la toile, ils sont attentifs à mes écrits, et je les en remercie. Ils sont bien intentionnés à mon égard, et me conseillent avec leur cœur généreux, la fuite vers des cieux plus cléments pour moi.
Ces messages d’empathie sont emplis des meilleures intentions du monde, voire de compréhension de ma détresse. J’en ai conscience et d’ailleurs je les apprécie ,, et j'en remercie du fond du coeur les auteurs. Seulement , s'ils me font une nouvelle fois réfléchir ils me conduisent inéluctablement à décider une nouvelle fois, comme à chaque fois, de rester..
Etre le compagnon d’une personne handicapé, c’est vivre dans une prison dont on ne peut s’échapper si facilement . L’éloignement ne résoudrait probablement rien à l’affaire…
Certes, l’affection a été dissoute dans les soucis, mais surtout dans le non retour de la part de la personne ainsi assistée. Certes, on a envie de fuir, d’aller trouver la sérénité, d’aller jouir d’autres activités plus souriantes, de penser enfin à s’occuper un peu de soi. De soi d’abord, et pas de l’autre.
Hélas, partir n’est pas la solution. La séparation d’un couple qui ne s’entend plus est sans commune mesure avec le départ du conjoint d’un handicapé. Se séparer d’un conjoint handicapé, ce n’est pas laisser derrière soi les aimables souvenirs d’une mésentente conjugale. Quitter un handicapé est porteur d’un himalaya de culpabilité. Comment quitter quelqu’un dont on sait par expérience, qu’il ne sera pas capable de se gérer seul ?
Abandonner un conjoint avec qui l’on a partagé les années de bonheur, et dont on refuse d’assumer les années de galère ? Ne pas faire face à une telle responsabilité n’apporte surement pas la tranquillité.
Bien sur, on peut tout de même s’éloigner. Mais moi, personnellement, si je faisais ainsi, je sais d’avance ne jamais trouver la sérénité. Poursuivie pour toujours par la conscience bien trop aiguë d’un acte de totale lâcheté. Avec pour seul résultat, de rester tout autant dans la souffrance.
Dans tous les cas, il n’y a pas de sortie optimale pour l’aidant. Il vit désormais aux côtés d’un être qui n’est plus celui qu’il était, qui est à mille lieues du compagnon qu’il a aimé, ne le soutient plus , et auprès de qui il ne pourra plus vivre la vie qu’il s’était imaginée… Seul vrai problème : ce compagnon n’y est pour rien, n’a pas demandé à se trouver dans cet état, est diminué, et ne peut rien faire pour changer ça.
Alors l’aidant reste, et aide, prisonnier de sa fidélité à l’aimé d’autrefois, et de sa propre conscience.