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Le trop de travail est une drogue anesthésiante, totalement admise par la société, sans risque d’overdose, au moins de traces d’addiction visible. Elle s’attaque vilainement au cerveau, endormant toutes les aires non reliées au boulot, de manière à activer en permanence la section travail. Les circonvolutions dédiées travail moulinent des idées en continu, jour, nuit, soir et week-ends, et vacances, bien sur. Les connexions internet satellites entretiennent l’éveil des circuits électriques cérébraux. Le plus subtil remue-méninges est encore le mail selon la méthode push, formule de réception directe, prévenant l’heureux possesseur de matériel adapté de l’arrivée d’un message, de manière à ce qu’il le lise en direct, et que son attention ne faiblisse à aucun moment, y compris la nuit, étant donné qu’il pose généralement l’objet à côté de son lit, vu que c’est le premier truc dont il va se saisir au réveil, au cas ou il se serait passé durant ces rares et courtes heures de sommeil des évènements nouveaux qui risqueraient de lui échapper. .
Un brusque sevrage plonge l’overdosé dans un syndrome de manque aussi intense que brutal. Par un tour de passe temps étonnant, baisser ses heures de boulot ne confère pas le sentiment d’avoir plus de temps. Soudain, le temps n’a plus la même intensité. Le temps courant n’est pas comme le temps en courant. Sortir de la bulle du temps pressé et pressant, se réapproprier les limites d’une bulle vitale emplie d’air et plus de grands airs, prendre le temps de prendre conscience que toute cette hâte n’était qu’illusion, et après tant d’années passées à travailler pour d’autres, se consacrer enfin quelques instants. Travailler moins n’est pas simple, mais finalement bien agréable, une fois passée la période de sevrage.