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31 janvier 2015 6 31 /01 /janvier /2015 10:54

Médecins libéraux, cliniques privées, mais aussi internes et chefs de clinique et SOS médecins, tous protestent ou contre le projet de loi Santé porté par Marisol Touraine. 

Voici présenté un essai de récapitulatif de la situation au 31 janvier 2015

La loi : http://www.gouvernement.fr/action/la-loi-de-sante

Les médecins libéraux et la loi de santé

Pour une fois, les syndicats des médecins libéraux représentatifs (CSMF, FMF, SML, MG France et Le BLOC), se sont tous accordés pour une grève, même si leurs revendications  ne sont pas communes sur tous les points.

 Ce qui génère  la colère des médecins libéraux dans la loi de santé : 4 axes

La généralisation du tiers payant, les délégations d’actes aux pharmaciens, le pouvoir accru accordé aux agences régionales de santé, et la revalorisation des honoraires de consultation des généralistes.

I.            La généralisation du tiers payant. (TPG)

 

En quoi consiste la généralisation du tiers payant ?  

-          les patients n’auront plus à avancer l’argent pour payer leurs consultations. Les frais seront pris en charge pour une part par la Sécurité Sociale et le reste par leurs mutuelles. Tout le monde aura une mutuelle, obligatoirement fournie par l’employeur.

-          Aujourd’hui, 30% des actes sont assurés selon ce système. Mais Marisol Touraine envisage de le généraliser à l’ensemble des actes

-          Les  médecins ne seront plus payés directement par leurs patients mais par ces organismes.  

-          La sécu a des délais théoriques de règlement des actes de cinq jours pour une facture réglée avec la carte vitale et de vingt jours pour une facture papier sans carte vitale. Les mutuelles n’ont pas de délai de règlement contractuel.

Point de vue du gouvernement : Pourquoi c’est bien de généraliser le TPG : Une mesure de justice sociale pour les patients. Le principal avantage du tiers payant est d’empêcher que des patients renoncent à se soigner, faute d’être en mesure d’avancer les frais de consultation.

Le renoncement aux soins pour raison financière serait un problème majeur. L’Observatoire des non-recours aux droits et services a analysé les renoncements aux soins des assurés sociaux du Gard (« Le baromètre du renoncement aux soins dans le Gard », Odenore, septembre 2014). Il est observé que, dans 20 % des cas, les renoncements sont liés à la nécessité d’avancer les dépenses. Généraliser le tiers payant permettra donc d’améliorer l’accès aux soins. link Une remarque, cependant, plusieurs analyses montrent que le renoncement concerne en pratique peu les consultations médicales, mais essentiellement les soins dentaires et les lunettes.


Point de vue des médecins : ils sont massivement opposés à la généralisation du Tiers-payant

-          A cause de la surcharge de travail administrative que cela induira à coup sur, et que la ministre minimise

-          Le tiers-payant induit une gigantesque surcharge administrative alors que les médecins manquent de temps pour se consacrer aux patients.

Outre le temps de prise en compte des documents de mutuelle pour chaque patient à chaque consultation (comme chez le pharmacien), un énorme temps de récupération des honoraires.

65% via la sécurité sociale et le reste auprès d’un des 700 organismes de prise en charge complémentaire. Pour chaque patient 2 lignes de comptabilité à vérifier à postériori  puis mise en œuvre des actions pour récupérer les actes non ou partiellement réglés. Beaucoup de consultation finalement non ou partiellement réglées.            

Un groupe de médecins de Tourcoing avait eu l’idée de mettre en place un  observatoire de Tiers-payant. Les délais contractuels de remboursements par la sécu (5 jours pour facture réglée avec la carte vitale et de 20 jours pour une feuille de soins) sont dépassés dans plus de la moitié des cas parfois largement. Cela concerne toutes les régions de France, certaines caisses de sécu étant particulièrement mauvaises élèves en terme de  délais de règlement, certains actes sont remboursés 400 voire près de 950 jours plus tard.

 

-        Parce que ne pas faire d’avance des frais peut induire une déresponsabilisation des patients, en Allemagne il a été démontré un accroissement du recours aux médecins lors du passage au tiers payant

-        Enfin, et c’est le point presque le plus essentiel, le tiers payant est un pouvoir énorme conféré à la Mutualité. Un tel modèle de règlement asservira les médecins aux mutuelles, et dans la foulée de cela, permettra la contractualisation avec les médecins pour leur faire intégrer un réseau de soins à l’image de ce qui est déjà fait pour les soins optiques et dentaires.  A la clé, perte de la liberté pour les médecins, mais aussi pour les patients.

 

 

Point de vue des associations de patients et des patients.

Le CISS (Collectif Interassociatif Sur la Santé ) est pour la généralisation du Tiers-payant. Ils disent« les cotisations sociales des médecins sont payées pour une part non négligeable par l’Assurance maladie », et affirment que « la rémunération des médecins généralistes a augmenté de 29 % entre 2005 et 2013 « . Le CISS s’indigne que les médecins soient « unis dans la grève, mais aussi unis pour mettre les citoyens en difficulté dans l’accès aux soins ». Cette association pense que  la complexité technique de la généralisation du tiers-payant est une supputation et que les médecins exagèrent, puisque d’autres professionnels de santé y sont parvenus.

En revanche, le Collectif citoyen « Ensemble pour une santé solidaire » a décidé d’une pétition des patients pour demander le retrait de  la loi de santé.  Ces patients critiquent ce qui se cache derrière le Tiers-payant : c’est l’accès aux données de santé aux mutuelles et assureurs sous prétexte de faciliter l'accès aux soins.

Extraits de la pétition : « Ainsi, les mutuelles auront la vision du parcours de soins des patients et pourraient facilement adapter les niveaux de garanties ( …) selon les risques de santé Elles pourraient aussi aisément  mettre en place des réseaux de soins obligeant le cotisant/adhérant à n'avoir d'autre choix de passer par « leurs » professionnels de santé sous peine de se voir moins bien remboursé . Il leur sera alors facile à travers le tiers payant intégral prôné par la ministre de faire pression sur ces professionnels pour faire baisser le coût, au détriment de la qualité de la prestation.
Certains pôles de santé/maisons de santé, financés par des fonds publics, regroupant plusieurs spécialités ( généralistes , spécialistes , infirmières ) seront tout simplement rachetés par les complémentaires/mutuelles ajoutant ceux-ci à leur réseaux de soins et ne gardant que les plus rentables « 
(…) et ainsi l'égalité des soins et de l'accès aux soins ne seront pas garantis pour tous » .


Selon un sondage Ifop réalisé pour Le Journal du Dimanche début janvier,  58% des français estiment que le mouvement des médecins est justifié.

 

II.            Des délégations d’actes

-          Les médecins sont opposés aux délégations de certaines vaccinations aux pharmaciens 

 

III.             Un pouvoir organisationnel accru accordé aux Agences Régionales de Santé (ARS)

Par la mise en place du « service territorial de santé », les ARS auront tout pouvoir sur

-          Les autorisations et les renouvellements d’activité des établissements privés et publics

-          L’organisation de la permanence des soins

-          Elles disposeront d’un droit de regard sur l'implantation géographique des jeunes médecins. Elles gagneront  des moyens pour réussir à contraindre l’installation des médecins dans les zones de déserts médicaux.

Les médecins sont opposés à ce pouvoir accru des agences de santé. Notamment, ils ne sont pas d’accord qu’on les contraigne pour les permanence de soins, ni qu’on les oblige à aller s’installer dans des zones ou il n’y a déjà plus d'école, de poste ou de service public.  

 

IV.            Une revendication tarifaire des médecins généralistes:

2 syndicats de généralistes, l’UNOF-CSMF et MG France, qui réclament de longue date une revalorisation tarifaire pour les médecins généralistes demandent que le tarif de la consultation soit réajusté de 23 euros à 25 euros. Après calcul, et estimant que le prix réel de la consultation est bien plus élevé, leur revendication est montée au prix de 31 euros par consultation.


Les actions des médecins libéraux pour lutter contre le projet de loi de santé : Les médecins demandent  la réécriture complète du projet de loi de santé. 

-        grève des généralistes du 22 au 31 décembre, autre grève prévue début février

-        grève des spécialistes du 23 au 31 décembre, puis le 6 et 7 janvier (au moment de la fermeture des cliniques prévue par la FHP, qui avait, elle, arrêté son mouvement après contact avec la ministre, cf plus loin)

-        Devant l’absence de réaction du gouvernement : décision début janvier d’un relai par une action de guérilla administrative, avec boycott de télétransmission. De nombreux médecins ne prennent plus  la carte vitale et donnent des feuilles de soins aux patients.

-        Une grande manifestation est prévue le 15 mars à Paris


Ce que les médecins libéraux ont obtenu au terme de plus d’un mois de grève et d’actions

-     Une lettre de la ministre de la santé le 26 décembre, dans laquelle elle s'engage à répondre aux inquiétudes des médecins.

-          La ministre est opposée à la réécriture du projet de loi,

-          Elle se dit  notamment prête à revoir les modalités de mise en oeuvre du tiers payant généralisé, mais indique qu’il n’est pas question de retirer cette mesure phare de la loi de santé.

-          Elle a proposé et créé plusieurs groupes de travail en vue d’améliorer le texte de la loi et  l'examen du projet de loi Santé au Parlement a été reporté au printemps. Ces groupes ont un mois pour travailler. Le groupe de travail sur les honoraires s’est très mal déroulé, il n'y a eu aucune négociation.  

-          La ministre soutient que le tiers payant est une avancée, que cette mesure sera évidemment maintenue, et que sa mise en œuvre sera simple (aucun médecin ne peut croire cela, car ils pratiquent tous déjà du 1/3 payant pour bon nombre d’actes).

-          La ministre refuse toute discussion tarifaire avant 2016. Elle estime que le prix d’une consultation des généralistes atteint en réalité « 31,40 euros, contre 28,70 euros » avant son arrivée au gouvernement en 2012, si on inclut les « forfaits » (rémunération supplémentaire accordée pour les patients de plus de 80 ans, la prestation de médecin traitant, le travail en équipe ou les objectifs de santé publique).

En effet depuis quelques années, une rémunération complémentaire, appelée rémunération sur objectif de santé publique (ROSP) est versée aux médecins annuellement sous condition du respect d’une vingtaine d'indicateurs de santé publique : prévention, vaccination, suivi des pathologies chroniques, recours aux génériques ou encore organisation du cabinet. La ministre estime que c’est un équivalent de revalorisation des honoraires.

-          Du coup, certains syndicats militent pour la suppression de ces forfaits et leur remplacement par une augmentation de tarif de chaque consultation. (l’UNOF-CSMF et le SML)

Les cliniques privées et la loi de santé

Représentées par la fédération des cliniques et hôpitaux privés de France (FHP) (environ 1000 établissements), l’hospitalisation privée s’oppose à la partie du projet révisant la notion de   «service public hospitalier»

Les critères de réorganisation excluent de fait les cliniques privées des missions dites de service public et donc du financement qui va avec.

Jusqu’à présent, les cliniques privées pouvaient assurer une des 14 missions de service public répertoriées. Notamment les services d’urgences. Le projet de loi prévoit que les cliniques, si elles veulent participer au service public hospitalier devraient alors assurer l’entièreté des missions de service public, avec les obligations financières qui leur sont liées, c'est-à-dire qu’aucun praticien ne pratique de dépassement d’honoraires dès qu’il agit dans ce cadre. Or les établissements n’ont pas de pouvoir de régulation sur les honoraires des médecins qui exercent dans leurs murs (puisque ce sont des libéraux).  

Les cliniques ont posé un préavis de grève pour les 6 et 7 janvier. Mais dès le 26 décembre, la FHP et la Ministre de la santé ont conclu un accord (en fait un courrier de Mme Touraine). Elles ont obtenu l'assurance que la situation actuelle perdure et que le seul fait de disposer d'un service d'urgence devrait désormais permettre à établissement d'obtenir le label «service public hospitalier». Mais la question des dépassements d’honoraires des praticiens n’est pas vraiment résolue.  Un groupe de concertation y travaille. .

Le public : Les internes et chefs de clinique hospitaliers

Les jeunes médecins ont décidé de rejoindre le fond de la contestation médicale contre la réforme de Marisol Touraine

Ainsi l’intersyndicale des internes (ISNI) a posé un préavis de grève illimitée et l'organisation de manifestations contre le projet de loi de santé.

Internes et chefs de clinique (ISNCCA) ont aussi décidé de se joindre le 15 mars à la manifestation des médecins organisée à Paris

Ils réclament aussi le retrait du TPG, qui entraînera selon eux un désengagement de l’assurance-maladie au profit des complémentaires privés. Ils refusent les pleins pouvoirs territoriaux donnés aux ARS qui pourra mettre à mal la liberté d’installation. Ils demandent un volet « jeunes » dans le projet de loi.

Cela chauffe aussi du côté des internes de médecine générale et du syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) qui a déposé un préavis de grève pour le jeudi 5 février et demande la réécriture du projet de loi de santé.

SOS médecins

Associé à la grève des libéraux de décembre, SOS médecin a ensuite appelé à une grève le dimanche 25 janvier, massivement suivie. L’ensemble des sites SOS médecins s’est déclaré en grève, et tous ont aussitôt été réquisitionnés.

Par ce mouvement, l’association veut dénoncer les risques de suppression du médecin de garde la nuit, de minuit à 8 heures. Une telle décision a été prise unilatéralement par l’agence régionale du Nord-Pas-de-Calais et Lorraine. Et pourrait se reproduire ailleurs sans concertation.

Pour finir et comparer, la grève ultra-brève des urgentistes de l’hôpital  public 

Les urgentistes de l’hôpital public, regroupés en association des médecins urgentistes de France (AMUF) réclamaient la reconnaissance de leur temps de travail sur la base de 39 heures.

Ils ont entamé une grève à partir du 22 décembre, soit le même jour que les médecins libéraux de ville. Le mouvement devait être «illimité» mais un accord été signé avec le gouvernement dès le 1er jour de grève.

Ils ont obtenu exactement ce qu’ils demandaient depuis plusieurs années: la reconnaissance d'un temps de travail plafonné à 48 heures hebdomadaires, rémunéré en heures supplémentaires au-delà de 39 heures.

 


Permettez moi d'ajouter à ces observations quelques conclusion incontestablement partiales du médecin libéral que je suis

 

Le projet de loi de santé ne répond à aucun des défis qui bloquent le système de santé français :

-          la répartition de l’offre de soins sur le territoire.

-          Le renoncement des jeunes médecins à l’installation

-          La baisse du nombre de médecins sur les 5 ans à venir

-          le rôle de l’hôpital public et sa gouvernance,

-          le déficit chronique de la sécurité sociale

-          le panier de soins remboursable par la santé publique

-          la place des médecins généralistes libéraux dans la prise en charge

-          la collaboration ville-hôpital,  et public-privé

-          la mise en place de filières  de prise en charge des maladies chroniques

 

La Ministre parle déja de Loi, alors qu'il s'agit d'un PROJET DE LOI, sous-entendant donc débat. Or, les seules propositions consenties par la Ministre sont l’ouverture de groupes de travail… En somme, elle semble gagner du temps pour se rapprocher sans action du débat parlementaire, à l’issue duquel elle pourra faire sortir la fumée blanche des cheminées de l’assemblée pour crier enfin « Habemus Tiers Payantam »

10 janvier 2015 6 10 /01 /janvier /2015 00:12

Une semaine avant d’avoir  5 ans

C’était  son  âge…

En ce jour funeste ou nous découvrions les  images atroces de 2 avions s’encastrant dans des immeubles, de 2 immeubles s’écroulant sur des milliers de gens .

Fallait-il laisser voir ces images au plus petit  ?

Le 11 septembre 2001, nous avons choisi de laisser notre enfant de 5 ans regarder les images avec les grands.

Pour une raison : la conviction que ces images allaient changer le monde.

18 ans, il a 18 ans maintenant

Depuis 3 jours, il regarde les images, il suit chaque instant des évènements sur Twitter.

J’ai beau lui dire qu’il ne faut pas avoir peur,  qu’avoir peur c’est donner raison à ces gens qui veulent terroriser, je sais qu’il est sur ses gardes dans le métro et même dans la rue.

Les images le fascinent, et le terrifient en même temps.

Et puis, malgré mes sages conseils,  je lui transmets encore une fois ma peur.

Ma peur née de la conviction que ces évènements une fois encore vont changer le monde.  Ma peur née de l’incertitude sur la capacité de la société à être unie face aux fondamentalismes. Ma peur qu’il soit tard et qu’il soit devenu impossible de résister à des envahisseurs tenaillés et motivés par la haine qu’ils vouent aux humains.

Et puis, aussi, je suis désolée.

Qu’ai-je fait, ou pas fait, pour transmettre à mes enfants un monde pareil ?

Une indicible violence, mais aussi le chômage, et puis aussi une société dont la principale ambition semble être de réduire sa dette et de faire (sur)vivre des marchés financiers.

Maintenant que mes enfants sont des adultes, comment vont-ils s’y prendre pour vivre dans un monde de sérénité, de sécurité,  et de paix ?  Un monde qui ne s’anéantisse pas à cause des conneries d’extrémistes invoquant dieu en oubliant qu’ils sont des humains.  Ces jeunes adultes sauront-t’ils métaboliser les tueries du 7-8-et 9 janvier,  ne pas laisser le mondre sombrer dans les violences et les représailles ?

Ce soir, le président de la République, dans son discours, a dit "la France n’en a pas fini avec les menaces dont elle est la cible. Alors je veux vous appeler à la vigilance…" il évoquait non seulement les jours prochains, mais plus probablement il parlait de manière prémonitoire des 10 années à venir… hélas.

Quelles perspectives avons-nous à offrir à cette génération biberonnée à la poussière de tours effondrées ?  et maintenant abasourdie par le bruit des lance-roquettes et autres kalachnikoffs ?

Comment les aider, au delà de manifestations d'unité nationale, et même internationale, à construire un monde sans conflit, dans lequel il leur sera agréable de vivre ?

 

3 janvier 2015 6 03 /01 /janvier /2015 00:44

Restons en cuisine pour tenter de mieux comprendre le tiers-payant généralisé.

Le prix de la consultation c’est un œuf (décrit précédemment) le paiement à l'acte expliqué en oeuf

A l’heure actuelle chaque œuf est  métabolisé ainsi :

Le patient consulte (qui il veut, quand il veut) et dans presque tous les cas accouche d’un œuf qu’il remet au docteur avec précaution. La coquille renferme des germes nutritifs destinés à nourrir le médecin. Le docteur garde l’œuf pour lui, et en échange, il utilise ensuite une sorte de feuille de salade verte numérotée appartenant au patient, qu’il introduit dans une fente mystérieuse.

index.jpg

 Le médecin tapote  3-4 boutons, cela déclenche une sorte de digestion à distance de l’œuf. Le jaune est tout d’abord remboursé au patient par la sécu, puis le blanc par la mutuelle. Le blanc étant plus coulant, une partie s’écoule en chemin, et il est courant que la mutuelle ne puisse le rembourser  en totalité.

Le patient se plaint de cette formule. Souvent il dit que pour se soigner il faut en pratique donner un bœuf pour récupérer  un œuf. Une sinistre de la santé allergique à l’oeuf libre en déduit que les patients vivent chaque jour un drame culinaire, et décide de changer  la recette.

Ne pouvant anéantir à tout jamais les échanges d’œufs (bien que son désir soit grand..), la sinistre de la santé est obligée d’admettre que les œufs durent tant que la médecine libérale perdure. Alors  elle décide de brouiller les oeufs

Désormais si les médecins veulent rester libéraux et continuer à se nourrir des œufs, ils doivent entendre le caquet des poules de la sécu, et le cocorico des coqs de la mutuelle.  Et se conformer aux nouveaux modèles de fonctionnement de la basse-cour.

Première étape : le patient (verra toujours qui il veut, quand il veut) mais ne  remettra plus aucun œuf au médecin. Il pourra donc laisser son  panier à la maison. Par contre, il ne devra pas oublier  sa petite feuille de salade verte, partie vitale de la consultation. Une seconde petite garniture appelée carte de mutuelle contenant de nombreux numéros incohérents devra également être remise au médecin.

 images.jpg

Durant cette première étape, la consultation va évoluer. Concentration oblige, pendant que le médecin introduit la recette de la mutuelle du patient dans le four électronique, la relation médecin-patient va se prendre un vrai temps d'incommunication. L'inverse de ce que le malade recherche, en somme.

Seconde étape, le médecin continuera exactement la même méthodologie qu’il connait déja. Feuille de salade vitale et numéros de mutuelles mélangés dans la fente, et clics… en apparence tout est simple. Tout est simple dit la sinistre.

Mais … La vraie histoire de l’œuf médical du XXIème siècle commence alors.  recherche.jpg

Une fois injecté dans le circuit vital,  l’œuf va se séparer en plusieurs parties. Un nouveau jeu médical, que l’on pourrait baptiser le JEU DE LA ROUTE VERTE, sera alors créé, et occupera les rares loisirs du médecin : comment  récupérer les différents morceaux de ses œufs. Objectif : reconstituer le plus d’œufs entiers possibles.  route-verte.jpgBien entendu, comme tout jeu, il sera semé de pièges, d’embuches, de questions insolubles, de retour à la case départ, de séjours dans la case prison. Une sorte de monopoli-tique de la route vitale.

Une moyenne de 30 œufs de consultations par jour à reconstituer.  Les médecins vont passer un temps fou à jouer au jeu de la Route Verte.. Durant cette seconde étape, la consultation va encore évoluer. Car, s’il veut quand même dormir un peu la nuit, et parfois se reposer, le médecin devra supprimer certaines consultations pour trouver le temps de jouer à reconstituer ses œufs.

La coquille correspondra au 1euro actuellement retenu au patient pour chaque consultation. Ah, ça ?

La sécu, en tant que pivot central, sera chargée de la partie bien ronde de l’œuf, le jaune. Les tuyaux de récupération ayant déjà été testés préalablement.  Ca ne marche pas à 100% mais cahin-caha c’est gérable.

En revanche, le blanc bien que coulant, va se révéler dur…  à obtenir.

800 aubergistes environ distribuant du blanc, à quelle porte frapper quand le blanc n’est pas payé ? il serait idéal que le docteur puisse embaucher des marmitons pour battre les blancs, mais les marmitons sont chers. Et maintenant, il faut les faire travailler un minimum de 24 heures par semaine, selon une invention d’un autre sinistre copain de la première. N’ayant point de budget marmiton, alors, le médecin risque de troquer son habit de diafoirus.jpg contre celui de cuisinier.jpg

 

Et puis, au terme de ce parcours culinaire, et de nuits et dimanche d’amusement, les médecins ont toute chance de reconstituer des œufs comme ça.

oeuf-casse.jpg

 

Vous trouvez ce modèle simple (ainsi que l'assure l'imperturbable sinistre de la santé?

Vous trouvez ça normal ?

23 novembre 2014 7 23 /11 /novembre /2014 22:48

 

Performance et efficience sont les mamelles de notre définance. Pourquoi ? Parce que nous ne partageons pas les mêmes définitions que ceux qui utilisent ces mots comme des bras armés envers le corps médical.


AMELIORER LA PERFORMANCE


La performance 

Définition : Exploit ou réussite dans un domaine. Résultat chiffré d’une épreuve.

-          Pour les médecins : la performance = qualité du soin administré, guérison du patient, satisfaction des patients et des soignants avec lesquels il est en interaction. En terme de performance, le médecin préfère la qualité à la quantité.

Pour le médecin interrogé sur la performance,  la performance financière de son établissement, la maitrise des coûts de soins, le nombre d’examens, d’interventions, de patients réalisés dans la structure ne sont jamais cités en premier.

Le médecin considère globalement que des soins de qualité coûtent obligatoirement cher.

       

-          Pour la tutelle : la performance = tout ce que veut le soignant, à condition de le payer moins cher que l’année d’avant.  Le politique préfère la quantité, et imagine qu’on peut hausser les quantités tout en conservant la même qualité. La performance idéale du politique associe augmentation d’activité et maitrise des coûts.

Pour la tutelle, la performance se mesure grâce à des « indicateurs de performance » convertis en tableau  avec l’accord tacite des médecins, mais malgré tout à leur insu. Ceux qui interprètent et utilisent ces indicateurs n’imaginent que des praticiens  normatisés. Les indicateurs deviennent ainsi le fouet des gestionnaires en leur permettant de légitimer les contraintes exercées sur les médecins hors standards.

 

AMELIORER L’EFFICIENCE


L'efficience

Définition : Optimisation des outils mis en œuvre pour parvenir à de bonnes performances

-          Pour les médecins : l’efficience c’est d’arriver le plus rapidement possible et avec le moins d’examens possibles, au bon diagnostic , au traitement optimal et à la guérison du patient.

-          Pour les tutelles : L’efficience, c’est d’en faire plus avec moins, tout en étant de plus en plus excellent.  Le problème étant que ce qui contribue à l’excellence consomme du temps et de l’argent.

Pour mettre en œuvre ce principe, les tutelles utilisent le mot RATIONALISATION, mot paravent qui cache en vrai le mot RATIONNEMENT.  Les tutelles rationnent en définançant (ce qu'elles nomment rationalisation des coûts)

Il y a un moyen sociologique facile pour favoriser la DEFINANCE du corps médical, c'est de créer et entretenir la DEFIANCE

Plus il y a de défiance envers le corps médical, plus il est possible de faire accepter la définance de celui-ci. Des médias bien dressés cultivent le terreau fertile d’un double discours  consistant à affirmer à la fois qu’il est normal que le médecin soit disponible dès lors que l’on a besoin de ses services, et qu’il est tout aussi normal de dire qu’il gagne trop bien sa vie. Ainsi on officialise la paupérisation acceptée du corps médical, au nom de l’efficience.  L’objectif recherché est  que le médecin en fasse plus avec moins.

 

Point de vue très pragmatique de l'auteur du blog: On ne peut pas sur le long terme et au nom de la performance et de l’efficience, être en solde tout le temps et faire réaliser de bons soins par des gens pas bien et paupérisés, fussent t'ils des médecins.

 

 

 

ce blog passionnant, ainsi que cet article intéressant ont alimenté cette réflexion:

http://jpdevailly.blogspot.fr/

Guylaine Loubet. QUELLES REPRESENTATIONS DE LA PERFORMANCE : LE CAS DES MEDECINS HOSPITALIERS ?. Comptabilité et Connaissances, May 2005, France. pp.CD-Rom. <halshs-00581221>

 

7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 22:27

Les fameuses « professions réglementées » sont à l’ordre du jour, leur envisagée déréglementation sera censée faire baisser les tarifs des dites professions et améliorer le pouvoir d’achat des autres.

Ce genre de raisonnement abscons ne date pas d’hier. Mais, pour passer de l’idéologie à la réalité, il est coutume, en Fance, de s’appuyer sur les données d’un « rapport ». Issu de la réflexion et du travail de bureaucrates bien rémunérés, ce rapport est un monument. Le rapport sur les professions réglementées aligne sophismes, biais de raisonnements et arguments fallacieux pour refermer un piège d’une subtilité rare.


1 – Tout d’abord,  commencer par une argumentation fallacieuse à partir d’amalgames : mélanger un nombre incroyable de professions dont le seul point commun serait d’être réglementé et en tirer la conclusion qu’on peut traiter le sujet en une seule méthodologie.  

 

  prof-reglementees-1-copie-1.pngprof-reglementees-2.png  prof-reglementees-3.png


 

2-  Utiliser des arguments volontairement non scientifiques, sans groupe contrôle, en s’appuyant sur des arguments issus de deux sondages « GRAND PUBLIC »  Juste pour le principe, pour pouvoir affirmer que les arguments sont confrontés à une pétition et que la vox populi est sollicitée.


Pour ce faire, bâtir 2  sondages dont les questions bien ciblés, comportent toutes une composante émotionnelle, assurant la non-objectivité des réponses.  Poser des questions consistant juste à obtenir la confirmation de ce que l’on veut défendre.

Exemple de question :

  •  est-ce trop cher ? : prothèse dentaire, optique, notaire, taxi, peinture, avocat, médecin spécialiste, assurance… 
  •  le rapport qualité/prix est il selon vous optimal ? 
  •  Combien devraient gagner tous ces gens ?  

 

Le premier sondage grand public aligne des questions incompatibles avec  l’objectivité  

·   Il demande tout d’abord aux sondés de donner une estimation des revenus actuels de 37 professionnels. Dans 100% des réponses,  l’estimation donnée se situe en dessous du revenu médian réel  constaté de la vraie vie.

·     A partir de ces réponses, il demande ensuite aux sondés d’estimer un  revenu « légitime » : Dans 100% des réponses,  le revenu considéré comme légitime est inférieur au revenu estimé.

 

prof-reglementees-4.png

 

Le second sondage toujours grand public, anéantit le concept d’objectivité. Les sondés sont questionnés sur un rapport qualité/prix, à propos de prestations dont ils n’ont aucun moyen objectif de juger le prix réel.  

·         Les 2 questions scientifiques de cet outrageante enquête :

Est-ce cher ?

le service rendu par la profession est-il qualitativement en rapport avec son prix ?

·         Vu qu’on est en France, que les français sont plutôt en phase de lamentation sur leur sort, le sondeur est à peu près assuré d’obtenir des réponses qui vont de facto corroborer et alimenter son idée fixe de départ.

·         Grâce à cette seconde enquête bien biaisée, le sondeur va donc pouvoir alléguer que la cause qu’il défend est juste puisque que « la majorité des gens trouvent que »  le rapport qualité/prix de ses achats est insatisfaisant et que le menuisier, le taxi, le serrurier, le dentiste, l’huissier, le syndic, le pharmacien, le spécialiste, etc, sont trop chers…

·         Et bien sur, pour que ce soit crédible, on trouve une exception. Dans ce cas précis, ce seront les médecins généralistes. Démagogie oblige en l’état actuel des projets de santé.

 


 prof-reglementees-5.png

 

 

Donc, sans état d’âme, l’expert va baser la suite du rapport sur ces questions biaisées, posées à un public de telle manière que les avis donnés ne puissent être pertinents, car ils n’y répondent que dans un registre émotionnel et sans disposer d'informations objectives (ben oui, tout est cher, ma brave dame…)


Sans état d’âme, on considère comme acceptable des sondages dont les résultats avoisinent 100% de sondés d’accord  sur l’ensemble des réponses !   Un tel résultat sur l’ensemble des questions, ça fleure tout de même bon le biais. Mais cela n’est pas pour émouvoir les auteurs d’un tel rapport. Ils cherchaient à dégager des évidences, reste à exploiter leurs résultats biaisés


3- Enfin, abrité par la soi-disant légitimité de la vox populi, le rapport va pouvoir asséner les affirmations sollicitées et attendues par le donneur d'ordre  du rapport…


A partir donc des 2 sondages de la « vox populi », non scientifiques, sans groupe témoin, sur de petits échantillons, avec des questions biaisées, nos experts vont pouvoir faire passer en toute sérénité le message pour lequel on leur a demandé de pondre un rapport.


C'est-à-dire, affirmer que 25 des 37 professions réglementées  induisent des dépenses par nature « non délibérées » des consommateurs ou des entreprises, ce qu’ils appellent des « dépenses plus subies que choisies » : dépenses médicales, juridiques, contrôle des commissaires aux comptes… . Pire, 2 professions sont particulièrement prises pour cibles du fait qu’elles interviennent  souvent en contexte d’urgence ou le consommateur ne peut renoncer à la dépense. Les plombiers, et les serruriers en prennent pour leur grade. Et toc. Pas que des docteurs, des pharmaciens, des notaires !


Des dépenses qualifiées de situations d’obligation de dépenses

 

 

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Une fois que ces conclusions orientées sont établies, on passe bien sur sous silence les autres dépenses contraintes.  


Et on s’engage dans un nouveau raisonnement invalide au sens de la logique. Raisonnement basé sur un concept socialiste, mais pas forcément approprié à la situation exposée : la raison du plus pauvre.  


Soit :

-          En faisant baisser ces dépenses contraintes pour les plus pauvres

-          On augmentera le pouvoir d’achat des plus pauvres pour leur permettre des dépenses choisies  


Omission : on aura paupérisé le pouvoir d’achat de 37 professions dites réglementées.

Omission : que deviendra la qualité du service s’il est moins cher ?  

Et bien d'autres omissions encore...


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4- Quatrième et vraie perversité de ce montage ingénieux : la généralisation, qui va permettre de diviser à l’excès et de refermer le piège.


Les professions dites réglementées sont, on l'a vu ci dessus, un incroyable mélange des genres. Pharmaciens, avocats, notaires, huissiers, vétérinaires, dentistes, médecins spécialistes, kinés,  mais aussi artisans du bâtiment, infirmières, plombiers, serruriers, vitriers, ambulances, auto-écoles… etc


Donc, après avoir regroupé aléatoirement ces professions  sur la caractéristique commune, être réglementées, on admet une relation de causalité entre ces différents métiers, et on va considérer que tous sont concernés au même titre par des mesures de rétorsion .

 

Le piège est subtil.

-        Les professions réglementées sont trop riches

-        Or, beaucoup de riches sont heureux

-   Donc pour être heureux, il faudra que le pauvres récupèrent les richesses des professions réglementées.


Chacune des professions réglementées se voit alors gratifier d’une liste de propositions censées générer une  baisse de  coûts.


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Et Alors, Zorro, n’arrive pas, non. Bien au contraire ! Le piège se referme…

Chacun des professionnels se retrouve pris dans ce piège abscons : il est d’accord sur plein de trucs….  concernant les autres professions. Et bien sur, d’accord sur rien concernant sa profession ! Comment défendre un tel argumentaire ?


Professionnel de la catégorie réglementée, comment réussir à vous faire accorder de l'attention, quand vous irez argumenter pour ta profession, sans vous préoccuper des contraintes infligés aux autres ?


6- Maintenant on a compris : les rédacteurs de ce rapport savaient ou ils voulaient en venir bien avant de faire des sondages bidons pour alimenter leur argumentation. Et ils avaient un objectif, et une ferme intention : celle de baiser un max de gens choisis selon leur idéologie comme étant ceux qui captent les richesses sans légitimité.

 

PS : A noter, un oubli dans la liste des professions réglementées… N’y figurent ni ministres, secrétaires d’états, ni les nombreux  politiques et serviteurs payés par l’état ?

Ne s’agit-il  pourtant pas de  métiers réglementés, censés rendre des services, de  métier auxquels le consommateur ne peut renoncer, des métiers libres d’imposer des tarifs, des prestations, des ordres, des directives que le consommateur doit faire par obligation ? des  métiers soumis à un ordre, celui de la république, censée garantir la probité, la qualité. Et pourtant, des métiers dans lequel on peut favoriser sa famille et ses enfants en les faisant travailler dans son cercle professionnel, en les salariant directement.  Des métiers pour lesquels on est rétribué assez copieusement, d’un salaire complété par des primes d’organisation sur lesquelles on ne demande pas de comptes. Des métiers pour lesquels on touchera une retraite définitive dès lors qu’on les a exercés seulement quelques mois ou années. 

 

 

https://labeilleetlarchitecte.files.wordpress.com/2014/08/rapport-igf.pdf: le rapport intégral

8 juillet 2014 2 08 /07 /juillet /2014 22:59

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N'est-ce pas choquant qu’une carte vitale, par ailleurs si peu informative en matière de santé,  imprime sur certains la marque indélébile d’un  passé révolu. Un passé qu’ils n’ont pas forcément envie  de porter à la connaissance de tout  professionnel de santé rencontré par la suite.


L' étiquetage du passé s'invite dans la consultation au moment du passage de la carte vitale dans la machine.  Ouverture d’un écran :  « CMU --- droits fermés ---- forcer ? »


S’ensuit la  question au patient : tiens, vous avez la CMU ? et la réponse : non, je l’ai eue, mais je ne l’ai plus. Et la remarque, justifiée :  C’est toujours marqué ? s’interroge alors, à juste titre le patient.  


Et oui, cher patient, la CMU du passé est toujours marquée sur votre carte vitale. Même si vous en avez bénéficié au moment d'un passage de vie difficile, même si, depuis, vous êtes devenu ministre, président, ou travailleur normal, vous êtes  à jamais affublé de cette étiquette sociétale. Un jour vous avez été bénéficiaire de la CMU, et manifestement la sécurité sociale souhaite qu’on ne l’oublie jamais. Vous pourrez  mettre à jour aussi souvent que nécessaire votre  carte vitale:  vos  enfants en disparaitront illico dès leur 16 ans et 1 jour, vos  droits de 100% s’effaceront dès franchie la date limite, mais il vous  restera toujours : « CMU--- droits fermés --- forcer ? » .

 

D'ou vient cette grande illogique de laisser figurer cette seule donnée passée sur une carte qui ne comporte par ailleurs aucune information autre que nom, prénom et numéro de sécu ? On imagine de la part de la sécu une sorte de préjugé:   elle penserait, par exemple,  qu’une fois que vous avez  été en CMU,  c’est un peu comme pour la prison… même si vous en sortez, vous avez tant de chances d’y retourner  que mieux vaut ne pas l’effacer ?


Le respect de l'intimitié de la personne est aussi administratif que médical. Au chapitre des petites humiliations répétitives des prises en charge médicales, ce marquage administratif indélébile, à l'instar de la blouse ouverte, ne respecte pas non plus la diginté et la pudeur des patients.     C'est un pur scandale que la seule information pérenne de la carte vitale  soit l’étiquetage discret mais ineffaçable d’une situation passée que le patient n’a pas forcément envie de faire connaitre.« CMU--- droits fermés --- forcer ? »   

Cette stigmatisation administrative mériterait une pétition..

" CMU terminée =   CMU effacée de la carte vitale" .

2 mars 2014 7 02 /03 /mars /2014 00:17

Je n’écrirai jamais ceci: « Pourquoi certains/tant de/trop de médecins sont-ils désagréables, brutaux, intrusifs, méprisants, sourds ???  (http://www.martinwinckler.com/spip.php?article1050 ) Cette phrase est une citation du blog de l’un de mes confrères, médecin généraliste écrivain très lu, très connu… bien plus que moi, pauvre spécialiste de quartier au petit blog peu (mais bien) fréquenté…

Un tel texte, qu’il soit dans ou hors de son contexte,  me désole. Tous les poncifs qu’il  rassemble, toutes les hâtives déductions qu’il induit, me rendent triste pour ma profession, moi  qui la trouve toujours si belle après plus de 30 ans d’exercice.

 

Pourquoi certains médecins (il y en a d’autres, moins connus mais tout aussi actifs sur la toile), ont-ils ce besoin de se  consacrer à la critique de leurs confrères.

 

Imaginez la même phrase sortie par un prof :  Pourquoi certains/tant de/trop de profs sont-ils désagréables, brutaux, intrusifs, méprisants, sourds.

Par n’importe quel fonctionnaire : Pourquoi certains/tant de/trop de fonctionnaires  sont-ils désagréables, brutaux, intrusifs, méprisants, sourds.

Par un patient ? Pourquoi certains/tant de/trop de patients  sont-ils désagréables, brutaux, intrusifs, méprisants, sourds.

 

Cette phrase est finalement bateau. Tout le monde peut penser cela. Et ce sera parfois vrai. Mais applicable dans certaines situations, et pas dans tous les cas,  et ce ne sera jamais généralisable à trop de médecins, ni à trop de prof, ni trop de fonctionnaires, ni trop de patients… . A mon avis, il y a un fossé entre penser pour soi de tels poncifs, et les écrire pour du public en les généralisant. 


Par ailleurs, si les syndicats  lisaient un tel texte écrit par un prof ou un fonctionnaire, ce serait un tollé, voire une grêve. Alors, que les médecins, ils lisent ça, et ne bronchent (presque) pas. Tout de même, parfois, ils tentent de répondre. Mais ils se font rabrouer, et choisissent souvent, in fine, l'option de la tranquillité :  Ils se taisent. Ils ont un peu raison de se taire, car c’est malsain de se bagarrer avec des gens de la même profession que soi dont le fonds de commerce consiste à critiquer ses propres congénères.  Mais, ils ont surtout beaucoup tort de se taire, parce que cela laisse la porte ouverte aux bavardages de ceux qui sont contre. Et finalement, on entend bien plus la voix de ceux qui sont contre. Cela permet finalement à certains de laisser entendre en filigrane dans des post très lus, que faire un toucher rectal à une grand-mère qui n’a pas son  discernement est une sorte de viol (non c’est un dépistage de tumeur du rectum) , ou que tout examen non librement consenti est une sorte de maltraitance, comme par exemple de faire écouter un cœur atypique au stéthoscope par plusieurs étudiants.  http://martinwinckler.com/spip.php?article1137

 

Une nouvelle fois j’entre en révolte contre cette catégorie de  médecins qui sont CONTRE  certaines/tant/trop de choses, mais qui ne sont POUR rien. C’est facile de critiquer, de s’opposer, de penser que les autres sont mauvais. C’est encore plus difficile de faire des propositions sérieuses, possiblement constructives.

 

L’humanisme est notre métier, cela ne nous rend pour autant pas plus parfaits que les autres humains. Nous sommes parfois bons, parfois mauvais, parfois empathiques, parfois exaspérés, parfois trop brusques, souvent patients mais parfois désagréables, généralement pressés, voire expéditifs ou le paraissant aux yeux de ceux qui attendent de nous une disponibilité que nous n’avons pas toujours. Si nous sommes sourds, c’est parfois une sorte de protection contre les doléances incessantes de nos patients. Nous sommes souvent intrusifs, avec nos questions, avec nos mains, surtout dans ma spécialité.  Nous faisons toujours attention, pour la grande majorité d’entre nous, mais restons des humains normaux, être  médecin ne fait pas de nous des sur-humains parfaits.  Je crois que nombre de médecins sont, ainsi que je le suis moi-même,  souvent mal-adroits,  rarement et sans le réaliser mal-intentionnés , jamais volontairement mal-traitants.(les cas atypiques faisant les choux gras de la presse sont à laisser loin de tout cela)

 

Alors, ma question est la suivante : pourquoi certains médecins ressentent t'ils ce besoin de critiquer ouvertement les autres membres de leur profession ? et surtout de généraliser leurs critiques ? Se sentent t’ils supérieurs et irréprochables ? (ce serait irraisonnable pour un médecin de se penser irréprochable, pourtant) . Se sentent t’ils au contraire si fragiles, si exposés, qu’ils ressentent la nécessité d’exprimer une sorte de pensée supérieure au sujet des défauts des autres ?  Pensent t’ils qu’en critiquant leurs confrères, ils participeront à les rendre meilleurs, du fait de la réflexion qu’induit leurs critiques ? Je ne comprends pas bien leurs raisons de critiquer le corps médical en général. En revanche, je déplore cette manière de faire. Cela  participe à la lente rapide dégradation de l’image du médecin dans la société… Quel regret que cette si belle profession consacrée à autrui, à son bien-être, à sa santé et sa guérison, soit ainsi tant remise en cause, fragilisée, délabrée non seulement par les attaques venant de l’extérieur mais encore plus par celle de ses propres membres..

 

 

 

 

PS: Une nouvelle fois, j'espère. J'espère que ce post critique et certainement inacceptable pour certains ne virera pas à la remise en cause de celle qui l'écrit.

22 juin 2011 3 22 /06 /juin /2011 21:55

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Incroyable impasse bureaucratique dans laquelle

nous voici plongés depuis hier


Petit dernier n’a pas eu de place en seconde dans le lycée

de notre secteur .


50 enfants dans ce cas, à peu près 110% de

ces enfants venant d’une école privée…

Ca vous a des relents de ségrégation, non ?


Sauf que le proviseur du lycée a assuré il y a 2 mois devant 200 personnes qu’il n’y aurait aucun problème à l’entrée au lycée, que tous les élèves du secteur étaient assurés d’y rentrer, venant d'un collège public comme d'un privé, et que le cas de ceux pour lesquels l’ordinateur aurait buggé serait examiné sous 24 h. Et ce même et sympathique monsieur, m’a également affirmé qu’il n’y avait aucun besoin de faire une demande de plusieurs établissements….


Et quand on lui rappelle aujourd’hui ses dires, le voila avec l’œil vague de celui qui ne se rappelle de rien.. on jurerait un homme politique!  Il pousse les informations sur le problème de nos familles jusqu’à expliquer aux nombreux parents désemparés , qu’un afflux massif de déménagements s’est produit quasiment la semaine passée pour venir remplir son lycée en totalité !


La sensation d’impuissance face à ce monstre d’inertie et de mauvaise foi qu’est l’éducation nationale est un poids psychologiquement lourd à porter, je vous assure.


En attendant, à part envoyer des mails dans tous les sens, et tenter de se faire pistonner, nous sommes totalement démunis face à ce fâcheux contretemps. Il ne reste qu’à attendre et espérer que la place au lycée se libère pour notre fils et pas pour un autre, et dans ce lycée la, et pas dans un lointain lycée inconnu.

14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 22:23

De l’antre sombre de l’abdomen de bon nombre de vos patients, chers confrères non gastroentérologues, un mal profondément  tapi , sournois,  s’exprime sous des symptômes aussi variés que possible.  Des brulures, un reflux, une gêne épigastrique, l’impression d’avoir trop mangé,  un ballonnement à la fin du repas.  Quand ce ne sont pas des nausées, une envie de vomir, la gorge qui gratte, le poumon qui tousse.

 

bien entendu., j'évoque là le cas de sujets jeunes, sans symptome d'alarme qui évoquerait une pathologie maligne.


L’interrogatoire diagnostiquerait plus facilement le reflux si vous étiez plus nombreux à savoir que les  les reflux ne génèrent des brulures rétrosternales  que dans la moitié des cas. L’autre symptôme du reflux, ce sont les douleurs  épigastriques chez   50% des patients.


Il se trouve que l’arme du soulagement est à votre portée, en vente dans toutes les bonnes pharmacies. Une petite lampée d’IPP et hop, la brulure se calmera dans les quelques jours.


Pour une fois qu’il vous est possible d’être magicien,  peu d’entre vous s’en privent.  Embarquement pour une prescription d’IPP immédiate.  En parallèle, une tirade sur les menaces venant d’une une bestiole tapie dans le fond de l’estomac de vos patients, ce diable d’ hélicobacter pylori, petite bête susceptible de les grignoter de l’intérieur, dont   vous brandissez le sceptre  pour les convaincre d’aller voir un gastro. Vous connaissez les bons arguments d'envoi au spécialiste !  L’envie de connaitre  la raison de leurs brulures épigastriques, l’idée d’une bactérie tueuse de cellules gastriques, les amène efficacement  en consult de gastro.


Hélas, le temps que le patient se décide à prendre le rendez-vous, obtienne le rendez-vous de consultation puis de fibroscopie gastrique, l’IPP  a distillé son miel guérisseur. Quand l’endoscopie est pratiquée, il n’y a pratiquement plus de chance de trouver une lésion ulcérée, aussi bien gastrique qu'oesophagienne. En plus, mais ça vous ne le savez pas non plus, la prise d’IPP négative faussement la recherche d’helicobacter pylori…


Le résultat qui vous sera rendu sera alors aléatoirement réparti entre :

1- un estomac normal, et la présence d’helicobacter pylori. On ne pourra jamais dire s’il y avait un ulcère au départ. De toutes manières, la bactérie sera traitée.

2- un estomac normal, et l’absence d’helicobacter pylori.  On ne saura pas s’il s’agit d’un faux négatif, et il faudra souvent confirmer cette négativité par la réalisation d'une sérologie. Inutile de réaliser un test respiratoire, la négativité est de règle sous traitement IPP.

3- un oesophage normal, et on ne saura jamais s'il y avait une oesophagite au départ.


En plus,  tout ces dérangements laissent de côté les étiologies dominantes des symptomes épigastriques , à savoir : le reflux simple, et les troubles fonctionnels intestinaux. Ces 2 pathologies  se traitent de manière symptomatique et ne nécessiteront une fibroscopie gastrique chez les patients de moins de 50 ans, que dans certaines situations bien définies 


Je vous implore, médecins non gastroentérologues... Si vous demandez une fibroscopie gastrique à un patient, ne le mettez pas sous IPP avant.   Diagnostic ou soulagement, pas possible tout en même temps. Si vous optez pour la version soulagement, n’espérez pas que l’on saura vous donner le diagnostic après … quand les lésions auront cicatrisé.

8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 20:07

http://www.cris-et-chuchotements.net/article-29683017.html

 

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